Innovation numérique : pourquoi tout le monde s'en fout !
Retour vers le futur
Heureusement que nos chers fournisseurs phosphorent pour nous et imaginent notre futur. S’ils ne tenaient qu’à nous, nous nous en remettrions au destin. En clair, nous n’en aurions à faire de l’évolution de notre système d’information et vivrions au jour le jour… Comme disait le célèbre économiste John Maynard Keynes, Lord de son état : « A long terme, nous serons tous morts. » IBM a publié en décembre dernier « IBM Five in Five », la liste des « cinq innovations susceptibles de transformer nos façons de travailler, de vivre et de nous divertir dans les cinq prochaines années. » Bigre ! Comme le disait le non moins célèbre économiste chinois San Su Tzou : « Ça vaut quand même le coup d’y jeter un coup d’œil… »
Voici la première de ces cinq innovations : « Nous pourrons alimenter nos maisons avec de l'énergie que nous produirons nous-mêmes via la marche, le jogging, le cyclisme, via la chaleur dégagée par nos ordinateurs et même grâce au mouvement de l’eau dans nos canalisations… » C’est une vraie innovation ! Imaginez l’énergie dépensée, que dis-je, gaspillée, par nos collègues qui marchent dans les couloirs de l’entreprise pour aller assister à des réunions qui ne servent à rien. Sans parler de la chaleur dégagée par leurs cerveaux dès lors qu’il faut concocter des Powerpoint à n’en plus finir, ou de la chaleur dégagée par les doigts s’agitant frénétiquement sur leur BlackBerry lorsqu’ils s’ennuient dans ces mêmes réunions où il ne se passe rien… Certains sont de vraies centrales électriques tellement ils mettent du cœur à l’ouvrage pour imaginer comment ils pourraient en faire moins pour gagner plus ! Imaginez aussi que la chaleur de nos ordinateurs et nos serveurs que nous avons acquis à chaque fois qu’il fallait mettre en production une nouvelle application soit transformée en énergie ! Ça en fait des kilowatts…
Seconde innovation pronostiquée par IBM : « Nous n’aurons plus besoin de mots de passe : nos caractéristiques biologiques nous serviront bientôt de clés grâce à la reconnaissance vocale, rétinienne et plus généralement, aux données biométriques. » Plus besoin de mots de passe ? Mais c’est déjà le cas ! Nos utilisateurs les notent tellement sur des bouts de papier à côté de leur écran que son supprimait les mots de passe, la sécurité de nos systèmes d’information n’en serait guère affectée. Quant à la biométrie, j’ai une préférence pour la reconnaissance vocale. On pourrait par exemple paramétrer l’accès à nos applications, pour chaque utilisateur, avec la reconnaissance vocales de phrases telles que : « C’est quoi le mot de passe collectif du service, déjà, chef ? » ou « C’est quoi ce bordel, je n’arrive pas à me connecter ! », ou bien : « Ce sont encore les bœufs de l’informatique qui ont changé les mots de passe sans nous le dire ? »
D’après IBM, nous verrons arriver une troisième innovation : « La télépathie sortira du domaine de la science-fiction : nous pourrons contrôler nos terminaux par la pensée grâce aux progrès de la « bio-informatique ». La télépathie fait d’ores et déjà partie de notre quotidien. Je ne sais pas pourquoi, mais je sais à l’avance quand les ennuis vont pleuvoir sur la DSI et ce que l’on va me dire pour refuser les budgets ou m’imposer des projets… Si ce n’est pas de la télépathie avec la DG et le DAF !
Autre innovation prévisible : « La fracture numérique ne sera plus : dans cinq ans, 80 % de la population mondiale actuelle possédera un terminal mobile. Le développement de cette technologie permettra d’atténuer les inégalités en termes d’accès à l’information. » Je vous le dit : c’est l’aboutissement des emmerdements pour les DSI. Si cette « innovation » se réalise, il vaut mieux changer de métier… Nous aurons des milliards d’utilisateurs qui exigeront de connecter à nos systèmes d’information leurs terminaux, dont la plupart seront dignes des poubelles à recyclage de déchets électroniques.
Enfin, nous prédisent les experts d’IBM : « Les courriers indésirables deviendront des courriers prioritaires, avec des solutions analytiques permettant d’intégrer en temps réel l’ensemble des données disponibles sur une personne afin de lui proposer et de lui recommander les informations qui lui seront les plus utiles. Dans cinq ans, les publicités non sollicités seront si pertinentes que la notion même de spam pourrait disparaître. ». Là, c’est clair, nous ne travaillerons plus du tout, trop occupés à trier des e-mails et ces « publicités si pertinentes » ! Au moins, nous serons tranquilles…