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  • Espèce de...

    sehiaud-injure.jpgLe vénérable institut national de la statistique (INSEE) publie régulièrement des études très intéressantes sur la victimation. Vous ne savez pas ce que c’est, la victimation ? En gros, au-delà des traditionnelles statistiques de la police et de la gendarmerie, il s’agit d’interroger les individus sur les violences dont ils ont été victimes. Et comme beaucoup ne rentrent pas dans les statistiques officielles parce qu’aucune plainte n’est déposée, cela donne une meilleure image de l’insécurité.

    Bon, l’insécurité, je suppose que vous savez ce que c’est ? C’est, pour résumer, ce que l’on vit au quotidien dans notre métier de DSI. Je vous le précise tout de suite avant que vous ne me posiez la question : non, il n’existe pas d’enquête de victimation pour les DSI. Soit parce que cela n’intéresse pas les chercheurs et les statisticiens, soit parce que les DSI n’avoueront jamais faire l’objet de mauvais traitements.

    Et pourtant, nous en avons, des motifs de se plaindre ! Que nous dit la dernière étude de l’Insee sur la victimisation ? Qu’il y a des formes de violence plus fréquentes que d’autres. En tête de liste : les gestes déplacés (8,1% des personnes en auraient été victimes en 2012). Viennent en second : les menaces et les injures (en même temps), avec 6,9 %. Puis arrivent dans le classement : les menaces (sans les injures, il y encore des gentlemen…), le vol sans violence, l’exhibitionnisme et les coups entre conjoints…

    Finalement, toutes ces agressions, nous les subissons au quotidien. Les gestes déplacés ? Vous n’imaginez pas jusqu’où les utilisateurs sont capables d’aller : depuis le jet à plus de deux mètres d’un lourd cahier des charges lorsqu’on leur suggère que peut-être il faudrait que les besoins soient exprimés plus clairement jusqu’au bras d’honneur qui surgit lorsque mes équipes demandent gentiment à ce que la maîtrise d’ouvrage soit un peu plus présente lors des comités de pilotage. Les menaces ? Là encore, c’est notre lot quotidien, entre le classique « je vais te sucrer une partie de ton budget », le non moins traditionnel « Si tu ne me livres pas l’application en moins d’un mois, j’vais l’dire au DG », ou encore le récurrent « Si tu continues à emmerder mes collaborateurs avec ta politique de sécurité à la con, ta carrière est foutue, je m’en occuperai personnellement, j’connais du monde. »

    Les injures ? Bon, ça, tout le monde est logé à la même enseigne. Dans les toilettes du deuxième étage, une âme charitable à écrit au feutre indélébile « DSI, tête de con », avec la variante, dans l’ascenseur « DSI au pilori ! ». Les injures peuvent fuser lors des réunions, depuis le « vous n’êtes que des gros nuls » jusqu’à l’« espèce de connard » en passant par les « salopards », « empaffés », « faux cul », « crétins », « racailles », « pétasses». Ou encore : « De toute façon, à la DSI, vous n’êtes que des sales feignasses parasites payées à ne rien faire alors que c’est nous qui faisons tourner la boutique… »

    Le vol sans violence concerne tous les matériels qui ont une quelconque utilité. Par exemple, on surconsomme 146,87654% de toner d’imprimantes par rapport au nombre de pages que l’on imprime. Les PC qui disparaissent, officiellement détruits ou volés dans les transports, sont, eux aussi, très nombreux. On m’a même volé dans mon bureau trois câbles Ethernet, cinq tapis de souris (avec les souris qui vont avec..), mes goodies offerts par les fournisseurs (bon, là, ça m’arrange, la plupart de ces gadgets sont horribles…). Et même ma collection de tous les numéros de Best Practices ! C’est dire si certains sont vraiment tordus…

    En ce qui concerne l’exhibitionnisme, j’avoue que c’est plutôt rare. Je n’ai connu qu’un seul cas, celui d’un manager, qui s’est déculotté en criant « Et celle-là, tu l’as vue ! » après que je lui ai rétorqué qu’il « me demandait la lune avec ses exigences démesurées ». On sait que dans la plupart des cas, la victime connaît son agresseur. J’ai les noms…

     

  • Big Data, j’y vais pas…

    sehiaud-bigdata.jpgIl me semble important de résister à toutes les demandes, plus ou moins farfelues, que les directions métier nous adressent. À croire qu’elles ont toutes retenu la célèbre phrase : « Quand j’entends les mots big data, je sors mon DSI. » De quoi provoquer un accident fatal pour qui ne maîtrise pas les crans de sûreté. Il y a au moins dix arguments à retenir pour ne jamais s’engager dans la voie des big data.

    1. Le big data est un monde sans fin. Le big data c’est déjà big, mais nul doute que si vous vous engagez dans cette voie, vous aurez un jour ou l’autre à gérer le big big data. Et je ne vous parle pas du big big big big data qui va nous tomber dessus. Mais, avec un peu de chance, ce sont nos successeurs qui s’en occuperont.

    2. 93,565432 % de l’information n’ont de toute façon aucune valeur. Les big data, C’est bien, mais si c’est pour stocker et gérer des données qui ne présentent aucun intérêt, on ne voit pas l’utilité. À moins que vous n’ayez une vocation d’historien quand vous serez à la retraite… ou au chômage.

    3. Les utilisateurs n’ont qu’à se débrouiller seuls. S’ils veulent stocker de gros fichiers, analyser d’importants volumes de données, que les utilisateurs se débrouillent : avec leurs budgets, ils peuvent souscrire à des offres SaaS tout à fait correctes pour jouer avec leurs données. Sans venir sans cesse quémander des moyens à la DSI…

    4. Vous aurez de nouveaux amis. Avec le big data, comme avec le cloud d’ailleurs, vous allez avoir de nouveaux amis : les auditeurs, les juristes et les risk managers... À moins que tout ce petit monde soit peuplé de joyeux drilles (j’en doute, tout comme vous, sinon ils feraient un autre métier), vous vous préparez de belles réunions pour étudier le cycle de vie complet des données. Les expressions « Attendu que… », « Considérant que… » et « Vu le décret du… » vont devenir vos phrases fétiches. Bandes de veinards !

    5. Les utilisateurs vont vous casser les pieds. Comme avec le big data on peut tout stocker et tout faire, il y aura toujours un utilisateur qui aura une idée lumineuse. Et quand vous en aurez rabroué un, un autre prendra sa place, à l’instar des mauvaises herbes. Certes, nous, DSI, avons l’habitude de gérer des idées à la con, mais quand même…

    6. Il faudra investir en sécurité. Pour gérer les big data, il faudra plus de serveurs, plus d’interfaces, plus de sauvegardes… Tout cela devra être mieux sécurisé. Encore un trou dans votre budget déjà serré…

    7. Il faudra faire évoluer les compétences. On a déjà du mal à tenir nos équipes, entre ceux qui ont compris que, vu leur portefeuille de compétences, c’est plié pour eux s’ils se retrouvent sur le carreau, ceux qui pensent, à tort, qu’ils sont au top et ceux qu’on aurait jamais dû recruter… Si, en plus, il faut reconfigurer nos équipes pour s’attaquer au big data… Et on ne peut confier cette lourde tâche à la DRH, sous peine d’aggraver le problème !

    8. L’internet des objets va devenir un cauchemar. Il paraît que dans la galaxie big data, il y aura 50 milliards d’objets qui seront connectés, dans quelques années. Il y en a bien un qui va tomber sur la tête d’un DSI. Il faudra tout connecter, même les objets les plus  farfelus : il n’y a en effet aucune raison que l’on s’arrête aux montres ou aux stylos… Comme aurait pu dire l’illustre Michel Audiard : « Quand on mettra des connections aux objets, t’as pas fini de ramer. »

    9. Avec le temps réel, vous finirez à pas d’heure. Avec le big data et les applications qui vont avec, il va falloir exploiter les données en temps réel. Pas question qu’un marketeur attende un mois son rapport sur ce qui se dit sur les réseaux sociaux, que le financier poireaute des jours avant d’obtenir son tableau de bord décisionnel. Autrement dit, attendez-vous à rallonger votre journée de travail pour satisfaire tout ce petit monde. À moins que vous ne trouviez un pigeon pour faire le sale boulot à votre place !

    10. Votre direction générale sera plus proche de vous. Le big data, c’est quand même concret et c’est une raison pour que votre DG s’intéresse à ce que vous faites. Surtout si un de ses amis patrons lui a montré le dernier gadget à la mode, connecté à tout et qui récupère des infos en temps réel.  Une bonne nouvelle ? Peut-être si vous souffrez du syndrome dit de Caliméro et que votre DG vous manque. Une mauvaise nouvelle ? Sûrement si vous souffrez du syndrome de ÃÀwJ¥XQY  (en français : « Lâche moi, ça me fera des vacances »).