Innovation numérique : pourquoi tout le monde s'en fout !
Consulting low cost
Une annonce d’emploi, parue mi-décembre, m’a m’interpellé. Il s’agit d’un cabinet d’études et de conseil français, bien connu, qui recherche un ou une stagiaire. Jusque-là, rien de bien original. Sauf que le domaine n’est pas, comme on pourrait s’y attendre, la compilation de tableaux de chiffres pour en faire des beaux graphiques ou la rédaction de commentaires sur des tendances. Non, il s’agit d’un domaine éminemment stratégique pour les clients dudit cabinet d’études : le conseil en stratégie avec un focus sur les fusions-acquisitions.
Peut-on confier la définition de sa stratégie à un stagiaire qui en plus, conseillera sur les meilleurs moyens de réussir une fusion ? Pourquoi pas… Mais, quand même, j’en doute fort. En tout cas, moi je ne m’y risquerai pas, même pour ma stratégie système d’information. « Nous ne vous laissons pas tout(e) seul(e), mais souhaitons que vous soyez rapidement autonome sur certaines tâches ». Les rédacteurs de l’annonce ont cru bon de le préciser, c’est signe que l’on pouvait avoir un doute… Dans la réalité, il est fort probable que le ou la stagiaire se retrouve vite seul(e). « Vos idées sont considérées comme un vrai atout pour l’entreprise. » Comment rémunère-t-on un « vrai atout » dans ce cabinet de conseil ? « 1 000 € bas de bulletin incluant des tickets restaurant et l’indemnité transport ».
Que les candidats (qui doivent disposer de « Connaissances de base en finance », quand même) ne se plaignent pas : « Nous vous proposons de travailler au sein d’une équipe jeune et dynamique. » Heureusement pour eux : il ne manquerait plus qu’une équipe de vieux bras cassés aigris dans un open space poussiéreux pour compléter le tableau et leur miner le moral dès leur premier jour de « consultant en stratégie et fusions-acquisitions ». Bonne nouvelle pour ceux qui veulent se considèrent comme des vrais atouts pour moins de six euros de l’heure (« bas de bulletin », ne soyons pas mesquin) : il y a « des perspectives d’embauche en CDI et de montées en compétences », précise-t-on. Comme disait le grand philosophe hongrois Vâziÿ Môllô : « Il vaut toujours mieux monter en compétences que de descendre aux enfers. »