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De bon conseil

Des DSI qui deviennent consultants, cela commence à faire très tendance. On a vu une première phase, il n’y a pas si longtemps, où des DSI sont passés du côté des fournisseurs, en l’occurrence des SSII. La nouvelle mode, à croire que les sociétés de services, ça fait plutôt bas de gamme, c’est d’intégrer les cabinets de conseil.

En quelques semaines, deux de mes éminents confrères, et pas des moindres (Jean-Pierre Corniou, qu’on ne présente plus et Thierry Bonne qui a créé et dirigé les systèmes d’information de notre Marine Nationale, sont tombés dans le chaudron du conseil, le premier chez EDS, le second chez Bearingpoint.

Pourquoi pas ?
J’avoue que moi aussi, je pourrais me laisser tenter. D’abord pour la carte de visite en quadri : entre « senior associate », « vice-président en charge de quelque chose », bref « big boss » et le titre de « directeur des systèmes d’information », devinez lequel est le plus valorisant ? Je ne parle pas de la drague, car ni l’un ni l’autre n’incite le beau sexe à la gaudriole (Ah ! passer une soirée avec un consultant, fut-il senior quelque chose ou un DSI, c’est quasiment pareil : au bout de dix minutes l’un comme l’autre ne peuvent s’empêcher de parler de leur dur métier, bonjour l’ambiance !….).

Mais dans un CV, ça en jette ! Et pas qu’un peu. Car, hélas, le premier réflexe d’un interlocuteur face à quelqu’un qui explique que son métier est DSI est de marquer un temps d’hésitation avant de compatir : « ben, dites-donc, vous devez en avoir des emmerdes dans votre job ». Bien vu… Alors que face à un consultant, le premier réflexe sera d’admirer la bête : quelqu’un qui conseille des directions générales, des directions métiers et autres managers à haut potentiel ne peut qu’être un surdoué. Sinon, il ne serait pas consultant. Bien sûr, nous autres DSI, connaissons la vérité : combien de consultants avons-nous recrutés pour nous conseiller, comme il se doit, avant de nous apercevoir qu’ils en savaient beaucoup moins que nous et qu’il fallait tout leur expliquer ! Et pour les téméraires, les sortir des réunions où officiellement ils « se familiarise avec les process métiers de l’entreprise » alors qu’en réalité ils pompent des idées avant de se les ré attribuer en slides trois dimensions !

Le second avantage à passer dans le monde du conseil, c’est bien sûr la rémunération. C’est un moyen, pour nous, de faire un saut quantitatif que nos patrons ne veulent pas nous accorder. J’y vois un troisième avantage : si l’on passe du côté des conseilleurs, il est bien difficile de venir contester nos conseils, précieux par définition, au prix où ils ont été payés par les entreprises. Ca c’est une sacrée revanche quand on songe aux heures qu’il nous faut consacrer à convaincre un directeur financier ou un DRH qu’on ne gouverne pas un système d’information à coups de lignes en moins sur un tableur.

Bon, allez, je vous laisse, j’ai mon CV à actualiser…

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