Innovation numérique : pourquoi tout le monde s'en fout !
Hé ! C’est là…
Que ceux qui nous bassinent avec leurs engagements de services, les fameux SLA, en prennent de la graine et arrêtent de se prendre la tête. En allant rendre visite à l'un de mes collègues DSI d'une grande entreprise de services, j'ai voulu acheter un billet de RER. Mais, pas de chance, la machine dédiée à la vente des billets affichait (et affiche toujours d'ailleurs) le message suivant : « Cette installation est hors service : la remise en service est prévue pour le 30/12/09. Message qui ne semble pas perturber beaucoup les utilisateurs... J'ai imaginé, mais seulement un seul instant, que nous puissions nous permettre, dans nos entreprises, de communiquer un tel message lorsque, par exemple, le SAP tombe en panne, que le messagerie n'est plus disponible ou que la comptabilité ne puisse plus remplir ses fonctions (à défaut de remplir les caisses, c'est la crise...).
En principe, dans les deux secondes, mon DG m'appellera pour me demander ce que signifie ce b... On aura beau lui expliquer que dans certaines entreprises de transports, c'est une pratique courante que d'attendre plus de dix jours pour remettre en service une application qui, quand même, est génératrice de chiffre d'affaires pour ladite entreprise de transport. J'imagine la tête de nos utilisateurs si le message suivant leur était affiché à l'écran : « Cette application dont vous vous servez quotidiennement est hors service. La réparation est prévue pour le 30 décembre mais comme l'équipe de la DSI est en RTT, la maintenance aura lieu dans les meilleurs délais ». Si l'on voulait faire un pari stupide, on appliquerait ce principe à la messagerie électronique pour tous les blackberries du comité de direction. Rigolo, non ? C'est un coup à aller définitivement dans les transports en commun. Mais pour faire la manche pour un pov'DSI viré comme un malpropre par son méchant patron qui n'a pas le sens de l'humour. Comme je ne suis pas téméraire, j'ai acheté mon billet au guichet, avec une vraie interface humaine. Comme tout le monde...
Je me suis livré au calcul suivant : sachant qu'un DSI âgé de 50 à 60 ans a accumulé entre vingt et trente ans d'expérience(s), combien cette expérience cumulée représente-t-elle d'années-hommes, pour parler le langage des gestionnaires de projets ? Et sachant que la plupart des DSI de ces générations x s'approchent de l'heure de la retraite, combien d'années d'expérience allons-nous perdre dans les prochaines années ? Imaginez le nombre de projets ratés et rattrapés de justesse et dont les enseignements ont été tirés, de bonnes pratiques engrangées par nos DSI seniors (dont je ne fais pas encore partie, vous n'avez donc pas fini de me lire...), de « facteurs clés de succès » assimilés, qui vont disparaître et que les jeunes générations vont devoir réinventer.