Innovation numérique : pourquoi tout le monde s'en fout !
Un iPad révolutionnaire ? Pfff… Ca existe depuis 2001 !
Comment ? Un nouvel i-Pad ? Le battage fait autour de cet outil me laisse de marbre : car il existe depuis longtemps. Depuis début 2001 pour être précis. Vous ne me croyez pas ? Ce formidable outil, baptisé Palm-I-Pad, a été annoncé dans un excellent journal, l'Immonde Informatique, qui est paru une seule fois, le 1er avril 2001. J'avais conservé ce document Collector dans mes archives et je me fais un plaisir de vous ressortir l'info, notamment pour ceux qui croient qu'Apple ne sort que des nouveautés bien avant tout le monde. Que disait cet article (cliquer ici pour en lire une copie), signé par le grand reporter Mathurin Auber de Caumartin ? Je vous livre le texte in extenso :
« Palm décline pour le réseau radio sans fil son célèbre Pilot : le Palm i-Pad (prononcer Palm-iPède). Capable de s'interfacer avec les principaux systèmes d'exploitation pour micro-ordinateur (Windows toutes versions depuis Windows 2000), il utilise la dernière déclinaison du protocole PATR (Push and Trick by Radio) pour se relier à un poste de travail fixe. Le PATR i-i-Hike garantit le 130 dB avec un excellent rendu dans les aigus." Le Palm i-Pad a changé ma vie, nous confie Marcel Bruel, gérant de 1a Société Agricole Unipersonnelle « Les 3 Grains », à Saint-Isidore-en-Périgord, premier client français du produit. Son élevage d'oies, couplé à une conserve de foie gras, a gagné 15 % de productivité depuis I'adoption de ce nouvel outil. Chaque oie est désormais dotée de son propre Palm i-Pad et signale ainsi en ligne l'état de son appétit, évitant un décalage entre 1'alimentation et la consommation des grains. « Une oie est incapable d'utiliser un clavier. Par contre, le stylet du PaIm i-Pad est parfaitement bien adapté à sa patte », précise Marcel Bruel. »
Bon d'accord, c'est moins glamour que le dernier né d'Apple et c'était vendu plus cher (selon l'article : « 5000,4568F HT soit 762,3164 € et quelques) ». Mais question utilité, le Palm I-Pad rivalise avec le gadget d'Apple. Surtout pour ceux qui, comme moi, adore le foie gras. Il fait quoi, Steve Jobs, pour la qualité de la gastronomie française ? Rien. Alors il peut remballer son iPad...
« 2010 sera différent de 2009. » On dirait une parole creuse de voyant (pléonasme). Justement, pourquoi n'y-a-t-il pas de voyants et d'horoscopes dans nos métiers ? Cela nous serait bien utile. Je vous propose, en exclusivité, l'horoscope du DSI pour débuter cette année 2010. Avec une précision : les textes suivants sont issus de vrais horoscopes. Je n'ai rien modifié, pas un mot, pas une virgule, et je parie avec vous que, comme moi, vous identifierez des situations vécues. J'ai quand même ajouté quelques commentaires, je ne peux m'en empêcher ! Et vous aurez économisé le prix d'une consultation surtaxée auprès d'un escroc, pardon, d'un médium-tireur de cartes (perforées).
On me parle sans cesse de la méthode à Gilles. « C'est super pour mieux développer », « Ah ! Si on avait appliqué la méthode à Gilles, on en serait pas là », « La méthode à Gilles, c'est l'avenir ! », entend-on dire. Mes équipes m'interpellent avec ce Gilles, les conférences auxquelles j'assiste sont remplies de référence à la méthode à Gilles.
Ca y est ! Les systèmes d'information ont disparu, non pas dans le triangle des Bermudes, mais dans le triangle des ressources humaines. Tous les ans, notre DHR, Françoise Plansoc, me transmet, par courrier interne, le numéro de fin d'année du mensuel Liaisons Sociales. Chaque année, à la même époque, cette excellente publication nous livre les résultats de son « baromètre européen de la fonction RH ». Nous livrait serait plus exact... J'ai eu beau parcourir les neuf pages du dossier, on ne parle pas des systèmes d'information ressources humaines. Les années précédentes, il y avait au moins deux pages pour nous expliquer comment les DRH voient les systèmes d'information.
Une publicité pour un site de recrutement présente un jeune homme plein d'avenir. C'est du moins ce qu'il dit... Il nous explique, en effet, que grâce à monjobalacon.com : « Quand je serai grand, je serai chef des ordinateurs ! ». Alexandre, puisque c'est son prénom, « est aujourd'hui analyste programmeur, il aime son métier, mais il ne va pas s'arrêter là. » Bigre... Il ne va pas s'arrêter là ? Si ca se trouve, il ambitionne de devenir DSI : « chef des ordinateurs », ca ne peut être que ça. Bon, il peut devenir patron du help desk, il sera « chef des emmerdements des ordinateurs ». Il peut aussi devenir chef des services généraux, il pilotera la livraison des ordinateurs à nos utilisateurs. A mon avis, il est plus ambitieux. D'une part parce qu'il a l'intention « de se former pour évoluer aussi vite que ses machines ». On devine le winner sous sa chevelure abondante... D'autre part, parce que, nous rappelle la pub, Alexandre « est né avec une souris dans la main. » J'imagine que ses parents ont été ravis de le voir ainsi affublé d'un accessoire indispensable au développement d'un bébé (joufflu certainement, si l'on en croit la photo dudit Alexandre). Les créatifs de pub ont certainement oublié d'être bêtes (ceux qui rigolent dans le fond seront immédiatement mutés au help desk...), ils ont consommé des tonnes d'études de marché pour dresser le profil du DSI du futur : à coup sûr, c'est notre Alexandre... « Avec monjobalacon.com, réussir sa carrière, c'est aussi réussir sa vie », nous dit la pub. Manquait plus que ça... Mais il faut s'y faire : la nouvelle génération de DSI va nous pousser dehors. Cela dit, s'il veut « évoluer plus vite que ses machines », comme nous le présente la pub, notre Alexandre, il va falloir qu'il se lève de bonne heure ! Et si il la ramène un peu trop, on pourra toujours lui dire d'aller voir dans le Cloud si on y est !
- Qu'est-ce qu'ils fichent dans les métiers ? Ils veulent une DSI transparente, mais, c'est vrai, quoi, eux, ils fichent quoi ? C'est une bonne question et je remercie mon responsable des études de l'avoir posée lors de la dernière réunion projet. Regarder de près ce que font les métiers m'a toujours attiré. N'est-ce pas le fondement même de notre métier, au-delà de la technologie ? Nous avions, jusqu'à présent, engagé quelques initiatives, mais très parcellaires et qui ne donnaient guère satisfaction.