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Chroniques Best Practices

  • Balance ton POC

    Illustre008-Bleu.gifPuisque c’est la mode de « balancer » ou de « dégager » tout et n’importe quoi, pourquoi ne pas en profiter ? On pourrait, par exemple, commencer par moderniser l’une des approches que tous les DSI et tous les métiers ont, un jour ou l’autre, mise en œuvre. Je veux parler des POC. Pour ceux qui l’ont oublié, le POC est l’acronyme de Proof of Concept et non pas, comme certains esprits tordus pourraient le penser, « Plantage Organisé du Changement » ou « Partons Oublier le Cloud »… Il ne s’agit pas, bien évidemment, de contester l’utilité de cette approche qui consiste à essayer pour voir si ça marche. C’est même la base de toute innovation, sauf pour ceux qui sont blindés de budgets à ne plus savoir qu’en faire.

    Il n’empêche : dès que l’on envisage de réaliser un POC, les métiers traînent des pieds, arguant le plus souvent du fait qu’ils n’ont pas le temps de s’y impliquer à fond, que ça coûte cher et que, de toute façon, leur choix de solution étant déjà acté, les éventuelles imperfections seront gérées directement en production. Toutefois, mes équipes restent excessivement prudentes et recommandent de tester avant d’acheter. C’est vrai qu’elles ont été échaudées à plusieurs reprises par des plantages retentissants qui leur sont retombés dessus, selon le principe que la DSI est toujours responsable.

    Je préfère remplacer le POC par un concept beaucoup plus vendeur, celui de bande annonce. Certes, vous ne manquerez pas de me faire remarquer qu’il n’y a aucun rapport entre « Balance ton POC » et le cinéma. Mais si… Car les ingrédients sont les mêmes !

    Comme une bande annonce, un POC doit résumer les moments clés (les jalons et les livrables associés à tout bon projet…), présenter les répliques cultes (les fonctionnalités qui vont tenir en haleine les utilisateurs et les surprendre…), montrer qu’il y a de l’action (donc que la DSI ne reste pas inactive et que ses équipes se bougent pour les métiers…), mettre en valeur les acteurs principaux (le DSI d’abord, parce que l’on adore figurer en tête de distribution et en haut de l’affiche), faire court (adieu les POC de 18 mois…) et faire durer le suspense (« bientôt sur vos écrans de smartphones, de PC, de tablettes… »). Sans oublier l’incontournable son Dolby Surround, parce qu’il faut bien que la DSI reste audible par rapport à tout ce que les métiers ingurgitent comme discours technologiques plus ou moins foireux…

    Quant à savoir comment est réalisé le film/projet, peu importe. Comme la plupart des spectateurs, la plupart des utilisateurs s’en fichent. On peut donc recourir à des armées d’intermittents du spectacle, autrement dit des consultants payés à la journée. Dont certains auront besoin d’être maquillés avant d’entrer en scène, surtout en cas de sous-traitance de sous-traitance pouvant conduire à délit de marchandage ou de prêt illicite de main-d’œuvre.

    On peut également recourir à des effets spéciaux, qui blufferont les utilisateurs, avec des interfaces originales. Il faut quand même y aller doucement, côté effets spéciaux, pour les explosions de coûts, les collisions de responsabilités, les poursuites endiablées d’objectifs inatteignables, les cascades de livrables et les hold-up spectaculaires de queues de budget.

    De même, les utilisateurs n’ont pas besoin de savoir combien de prises a demandé telle scène, autrement dit combien de réunions de comités de pilotage ont abouti à de bons compromis pour produire des résultats à la hauteur des attentes des métiers. Ni de savoir quelles méthodes ont été retenues pour le mixage des composants technologiques, la postproduction et l’étalonnage des paramètres des différents modules applicatifs.

    Comme au cinéma, l’essentiel est que les utilisateurs soient contents et applaudissent. Et qu’ils fassent fonctionner le bouche-à-oreille pour conforter la réputation du DSI-metteur en scène. Car, inévitablement, cela attirera de riches producteurs-DAF, avec leur chéquier, qui voudront financer un remake ou un cross-over

  • RGPD, PRDG, DGRP, PGRD, RGDP, etc…

    Best212-imageSéhiaud.JPGLe RGPD (Règlement Général pour la Protection des Données Personnelles), c’est pour bientôt. Si vous ne le savez pas, revenez vite de votre île déserte et mettez-vous au boulot. Car, après le RGPD, l’union européenne nous concocte d’autres réjouissances règlementaires.

    Je me suis procuré, en exclusivité pour vous (ne me demandez pas comment…), le dernier document de travail pondu par les juristes de Bruxelles et qui aura force de loi à partir de juin 2022. Autant dire demain… Afin que vous ne soyez pas pris au dépourvu, je vous révèle les quinze textes avec lesquels il faudra obligatoirement être en conformité. Bon courage, car la tâche s’annonce encore plus rude que pour le RGPD.

    PRDG (Principes Rationnels de Développement Généralisables) : il faudra appliquer systématiquement les bonnes pratiques de management de projets, connues depuis longtemps mais que bien peu appliquent. Ce qui a énervé les technocrates de la commission européenne…

    DRGP (Dépassements Réduits des Générations de Projets) : un taux maximum de dépassement sera institué, à l’image des 3 % pour les déficits des Etats.

    RGPD (Règles de Gaité du Personnel Détaché) : applicables à l’externalisation, il sera interdit aux salariés repris par un prestataire de faire la gueule, ils devront être positifs et enthousiastes à au moins 75 %, sinon l’entreprise qui externalise devra payer des pénalités de 4 % de son chiffre d’affaires ou jusqu’à 20 millions d’euros.

    RGDP (Réduction de la Gabegie avec DevOps dans la Production) : l’approche DevOps deviendra obligatoire pour les DSI de plus de 100 personnes.

    DGRP (Départ des Glandeurs pour Réduire le Personnel) : pour améliorer la productivité des DSI et des directions métiers, la proportion de collaborateurs peu motivés pour travailler ne devra pas dépasser 15 %.

    PGRD (Préceptes Généraux de Réouverture des Dossiers) : il sera obligatoire de réexaminer régulièrement les anciens Business Cases pour identifier ce qui a conduit à l’échec des projets.

    GDRP (Grandeurs des Dérapages Récurrents dans la Planification) : on ne pourra plus faire traîner les délais dans la planification des livrables. Dommage, c’est quelquefois très utile…

    RGDPbis (Règlement Garanti Dépourvu de Pertinence) : les DSI devront se conformer sans discuter à toutes les directives élaborées par leurs directions générales, même si elles ne servent à rien, sont obsolètes, incohérentes et s’ils ne sont pas d’accord. Ce texte est le résultat d’un lobbying forcené des chefs d’entreprise, inquiets de ne plus être écoutés par leurs DSI…

    RDPG (Réactivité face aux Dégâts Potentiellement Graves) : en matière de sécurité, toutes les mesures devront être prises pour limiter les dégâts. Sinon ? Sinon, rien, en fait… Aucune sanction n’est prévue.

    PGRDbis (Problèmes Généralement Rarement Détectés) : une base de données européenne de tous les problèmes d’exploitation et de production répertoriés sera créée et partagée entre toutes les entreprises. Il sera obligatoire de l’alimenter en informations.

    RPGD (Réversibilité Pour Garantir la Disponibilité) : les fournisseurs devront s’engager à restituer en moins de 72 heures toutes les données de leurs clients. Des fois que certains l’auraient oublié…

    PDGR (Panoplie de Débogage des Générations de Releases) : toutes les équipes de tests devront posséder une trousse de secours et un gilet jaune avant toute intervention sur un environnement de production.

    RDGP (Réduction de la Dépendance face aux Gourmands Prestataires) : un fournisseur ne devra pas capter plus de 15 % d’un budget IT. Au-delà il devra s’engager à rendre l’argent et à continuer à travailler quand même. J’en connais certains qui vont faire la gueule…

    GPRD (Gouvernance Pour Rassurer les Dirigeants) : les DSI devront apprendre par cœur tous les éléments de langage pour leurs dirigeants, de manière à ce que ceux-ci ne soient plus angoissés dès qu’on leur parlera de transformation digitale ou de cybersécurité. Un examen obligatoire validera les capacités des DSI à parler de manière cohérente à leurs DG.

    PRDGbis (Portabilité des Robots et des Data Garantie) : avec l’intelligence artificielle, les concepteurs d’algorithmes seront obligés de standardiser leurs créations, selon le principe institué par le Général de Goal, qui n’avait qu’un but dans la vie : faire en sorte que « les robots parlent aux robots ».

     

  • On fait comme on peut…

    sehiaud-hello_my_name_is_consultant.jpgComme disait ma grand-mère berrichonne : « Ils sont bien braves mais ils ont du mal à conclure. » Vous le savez, nous travaillons depuis longtemps avec notre cabinet de conseil en management et en stratégie préféré : Meyer Sainou Léméyeur. Un leader sur son marché, cela va de soi.

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  • La R&D n'est pas ce que vous croyez...

    sehiaud-R&D.jpgJe ne sais pas si vous avez remarqué, mais il y a de plus en plus de collègues qui veulent nous apprendre notre métier. Ah ? Chez vous aussi ? Et ça commence à vous peser ? Cela ne m’étonne pas… A force d’être exposé à toutes les technologies, à tous les discours des fournisseurs qui vantent leurs supers solutions « capables de tout faire » (des fois c’est « capable de tout faire… foirer », mais il n’y a pas assez de place sur leurs brochures commerciales pour le préciser…), il fallait que ça arrive. Les experts du dimanche sévissent maintenant aussi la semaine ! Chez Moudelab & Flouze Industries, c’est la R&D qui, pour rester poli, commence à nous casser les pieds. Les Messieurs-je-connais-tout deviennent tout simplement insupportables. En bons ingénieurs, ils s’ingénient à nous expliquer quelles technologies nous devrions privilégier, et à nous imposer dans les projets de développement, des fonctionnalités un peu bizarres.
     
    Mais on ne peut pas trop, nous à la DSI, leur rentrer dedans : la direction générale considère en effet que la R&D (La « Rizeurch ande développppmmment » comme prononce Pierre-Henri Sapert-Bocoup, notre vénéré PDG, avec son accent anglais inimitable) est stratégique. Comment s’en sortir ? En sapant leur image, et on ne va pas se priver, avec la complicité de mes équipes. La première étape consiste à systématiquement détourner le sigle R&D, lorsque l’on rencontre l’un des dignes représentants de cette entité. En ciblant bien sûr la personnalité de la personne à qui on a affaire, de manière à lui saper le moral…
    - Je travaille à la R&D.
    - Ah ? Récréation & Détente, c’est ça ? Ou alors Rigolade & Divertissement ?
    Et de partir dans un grand éclat de rire... En général, cela fait de l’effet, votre interlocuteur tourne les talons en ronchonnant et s’en va vaquer à ses occupations. Si les collaborateurs de votre service R&D sont plutôt portés sur la multiplication des pots de fin de journée, la R&D se transformera en « Rafraichissements & Désaltération » ou, pour les plus atteints en « Ragoût & Daube ». S’ils ont tendance à parler pour ne rien dire, la R&D deviendra « Radotage & Déblatérage », voire, s’ils insistent, « Rageant & Désespérant ». Si la R&D est victime de coupes budgétaires, son nom deviendra « Raclée & Dérouillée ».
     
    Vous vous en doutez, à force de subir des quolibets, des moqueries et autres sarcasmes bien envoyés, nos collègues de la R&D ne nous adressent quasiment plus la parole. Cela nous arrange bien. Maintenant, tout passe par le mail, nous gardons trace de tout, ce qui nous évite les déconvenues classiques, lorsque les projets sont modifiés de façon informelle qui fait que l’on ne s’y retrouve plus. C’était le cas avant, avec des interventions intempestives de la R&D pour modifier telle ou telle fonctionnalité sans la documenter ou pour anticiper des tests « juste pour voir ce que ça donne ». Si on les avait écoutés, on aurait fait des tests directement sur les machines de production !
     
    Pour prolonger l’effet Blitzkrieg, j’ai lancé auprès de mes équipes un petit concours pour détourner le sigle R&D. Chacun y est allé de sa vision de la R&D : « Rustines & Dégonflage », « Racolage & Débauchage », « Rangement & Débarras », « Rancoeur & désillusion »,  j’ai tout eu et le concours continue…
     
    Nous sommes désormais tranquilles et même tentés d’appliquer une approche similaire à l’égard d’autres directions métiers à qui il viendrait l’idée de venir asticoter la DSI… Mais, ce serait suicidaire, je finirai par me faire virer pour autisme technologique caractérisé. En attendant, j’ai appris que mes chers collègues de la R&D font le même exercice que nous et détournent le sigle DSI. Je m’attends au pire… Depuis « Dégage sans indemnités » (pour ceux qui m’en veulent), jusqu’au classique « Déficitaire Sans Interruption » (quand on dépasse les budgets) en passant par le traditionnel « Déchéance Soudaine Indiscutable » lorsque le DSI devient rattaché au DAF…

  • Big Data, j’y vais pas…

    sehiaud-bigdata.jpgIl me semble important de résister à toutes les demandes, plus ou moins farfelues, que les directions métier nous adressent. À croire qu’elles ont toutes retenu la célèbre phrase : « Quand j’entends les mots big data, je sors mon DSI. » De quoi provoquer un accident fatal pour qui ne maîtrise pas les crans de sûreté. Il y a au moins dix arguments à retenir pour ne jamais s’engager dans la voie des big data.

    1. Le big data est un monde sans fin. Le big data c’est déjà big, mais nul doute que si vous vous engagez dans cette voie, vous aurez un jour ou l’autre à gérer le big big data. Et je ne vous parle pas du big big big big data qui va nous tomber dessus. Mais, avec un peu de chance, ce sont nos successeurs qui s’en occuperont.

    2. 93,565432 % de l’information n’ont de toute façon aucune valeur. Les big data, C’est bien, mais si c’est pour stocker et gérer des données qui ne présentent aucun intérêt, on ne voit pas l’utilité. À moins que vous n’ayez une vocation d’historien quand vous serez à la retraite… ou au chômage.

    3. Les utilisateurs n’ont qu’à se débrouiller seuls. S’ils veulent stocker de gros fichiers, analyser d’importants volumes de données, que les utilisateurs se débrouillent : avec leurs budgets, ils peuvent souscrire à des offres SaaS tout à fait correctes pour jouer avec leurs données. Sans venir sans cesse quémander des moyens à la DSI…

    4. Vous aurez de nouveaux amis. Avec le big data, comme avec le cloud d’ailleurs, vous allez avoir de nouveaux amis : les auditeurs, les juristes et les risk managers... À moins que tout ce petit monde soit peuplé de joyeux drilles (j’en doute, tout comme vous, sinon ils feraient un autre métier), vous vous préparez de belles réunions pour étudier le cycle de vie complet des données. Les expressions « Attendu que… », « Considérant que… » et « Vu le décret du… » vont devenir vos phrases fétiches. Bandes de veinards !

    5. Les utilisateurs vont vous casser les pieds. Comme avec le big data on peut tout stocker et tout faire, il y aura toujours un utilisateur qui aura une idée lumineuse. Et quand vous en aurez rabroué un, un autre prendra sa place, à l’instar des mauvaises herbes. Certes, nous, DSI, avons l’habitude de gérer des idées à la con, mais quand même…

    6. Il faudra investir en sécurité. Pour gérer les big data, il faudra plus de serveurs, plus d’interfaces, plus de sauvegardes… Tout cela devra être mieux sécurisé. Encore un trou dans votre budget déjà serré…

    7. Il faudra faire évoluer les compétences. On a déjà du mal à tenir nos équipes, entre ceux qui ont compris que, vu leur portefeuille de compétences, c’est plié pour eux s’ils se retrouvent sur le carreau, ceux qui pensent, à tort, qu’ils sont au top et ceux qu’on aurait jamais dû recruter… Si, en plus, il faut reconfigurer nos équipes pour s’attaquer au big data… Et on ne peut confier cette lourde tâche à la DRH, sous peine d’aggraver le problème !

    8. L’internet des objets va devenir un cauchemar. Il paraît que dans la galaxie big data, il y aura 50 milliards d’objets qui seront connectés, dans quelques années. Il y en a bien un qui va tomber sur la tête d’un DSI. Il faudra tout connecter, même les objets les plus  farfelus : il n’y a en effet aucune raison que l’on s’arrête aux montres ou aux stylos… Comme aurait pu dire l’illustre Michel Audiard : « Quand on mettra des connections aux objets, t’as pas fini de ramer. »

    9. Avec le temps réel, vous finirez à pas d’heure. Avec le big data et les applications qui vont avec, il va falloir exploiter les données en temps réel. Pas question qu’un marketeur attende un mois son rapport sur ce qui se dit sur les réseaux sociaux, que le financier poireaute des jours avant d’obtenir son tableau de bord décisionnel. Autrement dit, attendez-vous à rallonger votre journée de travail pour satisfaire tout ce petit monde. À moins que vous ne trouviez un pigeon pour faire le sale boulot à votre place !

    10. Votre direction générale sera plus proche de vous. Le big data, c’est quand même concret et c’est une raison pour que votre DG s’intéresse à ce que vous faites. Surtout si un de ses amis patrons lui a montré le dernier gadget à la mode, connecté à tout et qui récupère des infos en temps réel.  Une bonne nouvelle ? Peut-être si vous souffrez du syndrome dit de Caliméro et que votre DG vous manque. Une mauvaise nouvelle ? Sûrement si vous souffrez du syndrome de ÃÀwJ¥XQY  (en français : « Lâche moi, ça me fera des vacances »).

     

     

     

     

     

     

     

  • Mon nom est Bond... James DSI Bond

    sehiaud-007.jpg2013 a été le cinquantenaire des aventures de James Bond. Tout le monde sait qu’il est agent secret, mais s’il avait été un DSI ? Il aurait pu vivre les mêmes aventures, et même tourner les mêmes films avec des titres identiques… mais avec des scénarios sensiblement différents !

    Casino Royale. James DSI Bond devient l’adjoint d’un DAF particulièrement familier des systèmes d’information et qui alloue des ressources illimitées pour la DSI afin qu’il investisse dans la création de valeur. A noter que c’est le seul James Bond dont le scénario est entièrement basé sur la science-fiction.

    Jamais plus jamais. James DSI Bond passe quelques jours en galante compagnie, un joli « Core Model », rencontré lors d’une convention utilisateurs d’un éditeur d’ERP à Miami Bitch. Son boss le rappelle pour redresser la barre d’un projet CRM (Comment Ramasser des Moeufs) mal engagé…

    Demain ne meurs jamais. James DSI Bond doit affronter une organisation secrète, la « Legacy » qui menace de faire exploser la planète Système d’Information en plaçant dans des applications stratégiques des liens de code non documentées et dont les spécialistes sont tous partis à la retraite.

    Vivre et laisser mourir. James DSI Bond se fait nommer DSI Corporate afin de n’avoir aucun scrupule à confier des tâches peu gratifiantes à ses subordonnés.

    Opération Toner. James DSI Bond a fort à faire avec un méchant psychopathe qui a décidé de créer une pénurie de toner pour toutes les imprimantes de l’entreprise.

    Au service secret de Sa Majesté. James DSI Bond croit travailler pour les utilisateurs du système d’information alors qu’en réalité il travaille pour le DAF. Manipulé par ses chefs, il en est réduit à utiliser des gadgets pour s’en sortir (tableau de bord à indicateurs éjectables, pistolet à reporting explosif, Balanced Scorecard équipé d’un silencieux, schéma directeur à double fond, Flèches ISO 20000 empoisonnées….).

    L’espion qui m’aimait. James DSI Bond affronte une organisation de consultants bien décidés à tout savoir des projets de la DSI afin de tout revendre au plus offrant, des marchands d’armes de destruction masSIve particulièrement cruels, spécialistes de la revente de PowerPoint à ogives nucléaires et à Bullet Points acérés.

    Rien que pour vos yeux. James DSI Bond tombe amoureux de la nouvelle DAF qui lui promet de belles soirées en tête-à-tête pour discuter des aspects budgétaires du nouveau schéma directeur. Ce film n’a pas eu le succès escompté : 76,897 % des spectateurs se sont endormis pendant les quinze premières minutes, celles où la DAF, malgré ses atouts évidents (un excédent brut d’exploitation largement disproportionné eut égard à son soutien-compte d’exploitation), lui explique la philosophie des amortissements des immobilisations montées sur ressorts 2.0.

    Dangereusement vôtre. James DSI Bond doit renégocier tous les contrats fournisseurs, après avoir reçu un mémo de son DG, qui se termine par « Dangereusement vôtre… »

    Tuer n’est pas jouer. James DSI Bond lutte contre une bande d’experts Cobol, avant de s’apercevoir que ce sont en réalité des agents doubles dont la mission est de sauver les applications d’une mort certaine.

    Meurs un autre jour. Ce film de James Bond avait en réalité un titre plus long mais qui n’a pas été retenu par les producteurs. Le titre original était en effet : « Meurs un autre jour…. T’as le projet ERP à finir ! » Les producteurs ont en effet considéré que faire un film qui dure entre dix-huit mois (avec les meilleurs scénaristes d’Hollywood) et quatre ans (avec les plus mauvais des scénaristes assistés par une équipe d’intégrateurs et une SSII en régie) n’est pas raisonnable pour mobiliser la capacité de concentration des spectateurs…

    Octopussy. La pieuvre Legacy a paralysé le système d’information. James DSI Bond essaie de la combattre mais la pieuvre Legacy a de la ressource et réapparaît là où on ne l’attend pas.

    L’homme au pistolet d’or. James DSI Bond se bat contre un commercial avant-vente particulièrement cruel qui le menace de déclencher des tirs d’audit de licences à fragmentation.

  • Les Experts à la DSI

    sehiaud-experts.jpgJ'ai une chance extraordinaire. L'un de mes amis, qui travaille dans une chaine de télévision m'a permis de visionner un épisode inédit de la série Les Experts. Vous savez, celle qui cartonne sur TF1... Je vous en livre en exclusivité l'essentiel des dialogues entre les enquêteurs, qui viennent d’arriver sur une scène de crime particulièrement horrible dans une grande entreprise industrielle.

    - Qu'est-ce qu'on a ?

    - Une seule victime... Un projet informatique, il travaillait là depuis trois ans. Reculez, Lieutenant ! C'est pas beau à voir...

    - Qui a découvert la victime ?

    - Un utilisateur qui s'inquiétait de ne pas avoir de livrables et qui est venu aux nouvelles. Il a trouvé la victime gisant dans une mare de spécifications. Non, vraiment, ce n’est pas beau à voir...

    - On a des indices ?

    - En fait, pas grand-chose. La victime travaillait sur des avenants qui allaient être révélés aux utilisateurs, mais rien d'important. D'après les utilisateurs que nous avons interrogés, des avenants, il y en avait en permanence, personne n'y faisait plus attention... Ils s'étaient résignés, à force.

    - Et l'arme du crime ?

    - Selon le consultant-légiste spécialiste des analyses post mortem, la victime est morte étranglée par un délai contondant, elle a également été frappée par un dépassement de budget aiguisé, égorgée avec un cycle en V, assommée par un livrable de 390 pages et, apparemment, achevée par un test grandeur nature qui lui est tombé dessus.

    - C'est moche. Mourir si jeune…

    - Heu… si jeune ? Pas tellement, d’après les premiers utilisateurs que l’on a interrogés, ça fait plus de trois ans que personne ne savait ce qu’il y avait dans ce projet.

    - Demandez au légiste de chercher s’il y a des traces de pragmatisme dans le projet, si la victime consommait régulièrement des comptes rendus d’avancement, si des doses de bon sens ne lui auraient pas été injectées, ou s’il y a des traces de mauvaise foi(e). Dites aussi au légiste de pratiquer une analyse des besoins, ça peut être une piste pour identifier un suspect.

    - Celui qui a fait ça s'est acharné...

    - A mon avis, ils étaient plusieurs. Un tel degré de sauvagerie, on n’a jamais vu ça. Assassiner un projet informatique qui n’a jamais fait rien de mal.

    - C’est peut-être justement pour ça qu’on l’a tué. Il devait coûter cher et ne rien rapporter… Quelqu’un s’en est aperçu et ne l’a pas supporté. On a déjà vu ça, souvenez-vous, Sergent, dans l’affaire du tueur en série de la Silicon Valley.

    - Celui qui assassinait toutes les releases, la nuit pendant que les locaux étaient déserts ?

    - Oui, rappelez-vous, on a eu du mal à la coincer, c’était un développeur parano-schizophrène obsessionnel compulsif atteint de stress post-traumatique et de dédoublement de la personnalité avec un MOA hypertrophié.

    - Avez-vous trouvé des empreintes ?

    - On a une empreinte carbone, mais c'est celle de la victime, c'était un projet de développement durable… A part ça, rien.

    - Rien non plus du côté de la vidéosurveillance ?

    - Non, le lieu du crime est une DSI, c'est une vraie tour d'ivoire, pas de caméras, tout le monde se connaît et les utilisateurs n'y pénètrent que rarement.

    - Et l'enquête de voisinage, ça donne quoi ?

    - On a interrogé des projets agiles, mais ils n'ont rien vu. Ils ne s’entendaient pas bien avec la victime qui était un projet de la vieille école…

    A la fin de l’épisode, on ne sait toujours pas qui a assassiné le projet informatique : le nombre de suspects étant trop nombreux pour un format de cinquante-deux minutes. Et tout le monde a soit un alibi, soit un mobile ! De quoi rendre fou n’importe quel enquêteur… 

    Hélas, cet épisode ne sera jamais diffusé. Les producteurs ont en effet jugé que ce spectacle étant tellement insoutenable, il ne pouvait pas être diffusé à une heure de grande écoute. Et il serait interdit aux chefs de projet de moins de 45 ans... Comme il est écrit dans les génériques : certaines scènes sont susceptibles de heurter les âmes sensibles…

  • Pourquoi je réinternalise… oui au fait, pourquoi ?

    sehiaud-outsourcing.jpgIl paraît que le marché mondial des services d’outsourcing aura atteint 251 milliards de dollars en 2012 si l’on en croit les doctes estimations de Gartner. Si je compte bien, ça fait quand même 688 millions de dollars qui sont chaque jour dépensé dans le monde par les entreprises et c’est autant de fric qui va dans la poche (que l’on dit profonde) des prestataires de services d’outsourcing.

    Moi, je ne vous la cache pas, j’ai décidé de réinternaliser. De toute façon, je ne fais rien comme tout le monde, vous vous en êtes certainement déjà aperçu... Et je ne manque pas de bonnes raisons. J’en ai même trouvé au moins dix, en espérant vous convaincre de regarder à deux fois avant de confier votre système d’information à un tiers. Comme disait l’incontournable philosophe Sun Tzu : « Un tiers ne vaut pas mieux que deux tu l’auras. »

    1. Vais-je continuer longtemps à être pris en otage par un prestataire ? Ce n’est quand même pas évident d’affirmer à son DG que, d’un côté le SI est extrêmement stratégique et, de l’autre, le SI est entièrement à la merci d’un multinationale cotée à Wall Street dont la stratégie peut changer du jour au lendemain au gré des acquisitions et des exigences de ses actionnaires…

    2. Vais-je continuer longtemps à voir mes coûts dériver ? On connaît le business modèle des infogéreurs : des réductions de coûts les deux ou trois premières années, après, une fois que le poisson (nous…) est dans la nasse, augmenter les coûts mais sans trop forcer…

    3. Vais-je continuer longtemps à avoir comme interlocuteurs des bras cassés ? Chez les prestataires, comme chez nous, on trouve de tout. Mais quand on tombe sur un où la proportion de bras cassés est supérieure à la moyenne, on n’est pas sorti de l’auberge…

    4. Vais-je continuer longtemps à passer mon temps à benchmarker mon prestataire pour vérifier si ses coûts et ses prestations sont alignés sur ce que font ses concurrents ? On a toujours un doute. Soit on fait confiance, soit on vérifie une fois par an que le prestataire fait aussi bien, sinon mieux, que ses concurrents. Mais vu le prix de journée que les cabinets de conseil spécialisés dans ce type de benchmarking nous facturent, je n’ai plus les moyens…

    5. Vais-je continuer longtemps à voir mes SLA en voie de sous-développement ? Outre le fait de les surveiller régulièrement, je dois passer beaucoup de temps, avec mes équipes, à chercher pourquoi mes niveaux de services sont de moins en moins bons…

    6. Vais-je continuer longtemps à chercher qui est responsable des dysfonctionnements et à renégocier des changements de périmètre ? C’est le classique « Ce n’est pas moi, c’est le prestataire… Ben, non ce n’est pas moi, ça vient de chez vous…. »

    7. Vais-je continuer longtemps à consacrer 23,6 % de mon temps à piloter des prestataires qui sont censés être autonomes pour « répondre de façon proactive aux besoins de leurs clients », puisque c’est ce que leurs commerciaux aux chaussures pointues m’ont vendu ? Les réunions de pilotage, de coordination, de bilan, de revue de SLA… ca commence à me fatiguer… Même si je fais autre chose pendant que les équipes de mon prestataire se gargarisent de leurs performances…

    8. Vais-je continuer longtemps à me demander si, à force d’externaliser, je vais finir tout seul à la DSI et passer pour une bille auprès de mes collègues qui « managent » des dizaines voire des centaines de collaborateurs ? C’est effectivement ce qui risque d’arriver lorsque tout un SI devient externalisé…. Avant que le DSI soit lui-même externalisé à Pôle Emploi !

    9. Vais-je continuer longtemps à attendre que l’on me propose de nouvelles idées, de nouvelles manières de faire et d’être plus performant ? Comme quoi l’innovation n’est pas toujours compatible avec les exigences d’une approche industrielle pour mutualiser des capacités avec un maximum de clients.

    10. Vais-je continuer longtemps à passer une partie de mon temps à relire des contrats de plusieurs centaines de pages en me demandant à chaque page où est le piège tendu par on ne sait quel juriste grassement payé par un prestataire qui voudra jamais sacrifier ses marges ? Et comme, à mon âge, ma vue baisse, imaginez le calvaire pour déchiffrer des clauses écrites en corps 8.