Innovation numérique : pourquoi tout le monde s'en fout !
Professeur Salim, pour vous servir !
Vous connaissez le professeur Salim ? Moi non plus mais je dois avouer que c’est grâce à lui, mais il ne le sait pas, que j’ai redoré mon image de DSI au sein du groupe Moudelab & Flouze Industries. Ce professeur Salim, dont je soupçonne qu’il s’est arrogé indûment le titre prestigieux de professeur, a tout compris en communication. Voilà des mois que je bataille pour trouver des idées afin de valoriser le travail de mes équipes et de mes prestataires. J’ai tout essayé : les newsletters, mais personne ne les lit ; les e-mailings vers les utilisateurs, mais ils finissent dans la corbeille à spam; dix lignes dans le rapport annuel institutionnel après force négociation avec la dir’comm, mais les analystes financiers n’en ont rien à faire du capital immatériel, ils préfèrent pinailler sur les règles d’amortissement des chariots élévateurs dans nos usines ; le trombinoscope, pour humaniser le système d’information, mais j’en ai retrouvé plusieurs exemplaires placardés sur la porte de mon bureau avec des dessins que je ne peux décemment pas publier sous peine d’atteinte aux bonnes mœurs.
La communication de la DSI serait-elle une mission impossible ? J’en étais presque persuadé lorsque la providence m’a fait rencontrer le professeur Salim. Pas en tête-à-tête bien sûr mais par l’intermédiaire d’un simple bout de papier quelques centimètres carrés distribué dans ma boîte aux lettres. Que nous promet ce bon professeur Salim ? Avec un « paiement après résultat », il est « capable de résoudre tous vos problèmes », avec un travail « rapide et sérieux », et promet une réussite « là où les autres ont échoué ». Avec, également, un slogan qui fait mouche : « Venez voir Salim pour votre bien-être ». Je me suis donc largement inspiré de ce moyen de communication pour atteindre mon objectif de valorisation des activités de la DSI et je vais vous expliquer comment j'ai procédé (...).
(Lire la suite dans le n° 65 de la revue Best Practices Systèmes d'Information)
Beaucoup d’entre vous connaissent le dessin animé des années 1970 Satanas et Diabolo, deux compères qui ont un objectif et un seul : attraper le pigeon ! Un vrai… On se demande quand même si ce mot d’ordre ne serait pas toujours d’une brûlante actualité en dehors du monde farfelu des dessins animés et de la fiction en technicolor. Un intéressant dossier publié il y a quelques semaines par le Journal du Net sur ce que sont devenues les start-up qui ont été récompensées il y a quelques années (sûrement pour la clairvoyance de leurs dirigeants et la qualité de la vision de leur business…) nous rappelle le mécanisme. Il s’agit de convaincre un investisseur, qui joue en l’occurrence le parfait rôle de pigeon, de donner son argent en pure perte mais en lui faisant croire le contraire, bien sûr. Et l’on a des exemples : Goojet, un portail personnalisable pour mobile avait levé six millions d’euros en 2007. Résultat : un chiffre d’affaires riquiqui de 92 000 euros deux ans plus tard et une perte de 1,9 million. Autre exemple : Yoono, un moteur de recherche collaboratif, qui a dégagé un petit 5 000 euros de chiffre d’affaires pour plus de 721 000 euros de pertes… Il faut bien que les actionnaires paient les factures… Souvent, il ne s’agit pas d’attraper un seul pigeon mais une meute, cela permet de lever encore plus de fonds.
Nos entreprises regroupent des milliers de surfeurs. Pas ceux qui se mouillent pour affronter des vagues… Non, ceux qui passent leur temps à utiliser les outils que l’on met à leur disposition à des fins personnelles. Une récente étude publiée par Olféo nous apprend ainsi que le problème s’aggrave : 59 minutes est le temps moyen de l’utilisation d’Internet par jour et par employé à des fins non professionnelles en 2010. Soit les deux-tiers du temps passé sur Internet. C’est presque deux fois plus qu’en 2006 ! Si on ramène ce temps à l’année, cela représente environ 29,5 jours par an. Ou presque trois jours par mois. L’étude évalue à 14 % la chute de productivité due à l’usage privé d’Internet au bureau. Et nous dresse même le parcours type du tire-au-flanc surfeur : de 8 H 00 à10 H 00, il consulte les sites d’actualités, les webmails et les réseaux sociaux. De midi à 15 H 00, il consulte les sites de divertissement et de détente, tels que le visionnage d’émissions de télévision, l’écoute de la radio ou les jeux en ligne. Et de 17 H 00-18 H 00, il consulte les sites de service : météo, trafic, pages jaunes, et également de divertissement. Et le reste du temps, ils font quoi ? On peut espérer qu’ils travaillent…
Il paraît que l’Australie n’a jamais connu d’inondations aussi terribles que celles qui ont touché le pays il y a quelques semaines. Ca, c’est dans les journaux… Il paraît que les DSI sont inondés de newsletters… Ca ce n’est pas dans les journaux. Et pourtant, il semble que les digues informationnelles ont cédé ! J’ai compté : au cours de la semaine dernière, j’ai reçu dans ma boite de messagerie pas moins de 47 newsletters, la moitié provenant de groupes de presse, l’autre moitié de la part d’éditeurs de logiciels et de cabinets de conseil. Et encore, je ne compte pas les invitations tous azimuts à des événements dont l’intérêt me laisse encore dubitatif. Et sur ces 47 newsletters, j’ai trouvé seulement trois articles intéressants, les autres sujets étant reproduits à plusieurs exemplaires selon les newsletters, avec des titres quelquefois différents mais pas toujours, cela dépend du courage de celui qui écrit pour se rendre original. Mais pour parcourir les titres de ces 47 newsletters (qui rivalisent dans la quantité, c’est à celui qui bourrera la page avec le plus de titres et de liens possibles), à raison de quatre à cinq minutes chacune, il me faut plus de trois heures… Voire plus lorsque l’on nous refourgue les mêmes sujets habilement « repackagés » dans une newsletter « thématique » (le cloud et le green sont à la mode cette année…).
Pour une fois, j’ai eu une idée géniale. C’est du moins ce que m’ont affirmé de concert notre DRH et notre directeur marketing… C’est dire si c’est génial ! Il se trouve que mes enfants ont ressorti de la cave le fameux jeu Cluedo. Vous savez, celui qui consiste à trouver un assassin, son arme du crime et dans quelle pièce il a tué ! J’ai eu l’idée d’appliquer ce principe ludique à la gestion des projets informatiques. Après tout, le processus est le même : plusieurs personnes se réunissent dans un manoir (une salle de réunion) pour ce qui s’annonce être une réunion conviviale (les projets informatiques, c’est toujours convivial… au début !). Avec des individus à la personnalité plus ou moins atypique, qui vont s’entretuer. On reconnaîtra facilement, dans nos entreprises, le célèbre Colonel Moutarde-DAF, Madame Pervenche-DRH, Mademoiselle Rose, de la direction de la communication, l’inévitable professeur Violet de la R&D ou encore le Docteur Olive chargé par la direction générale d’administrer les bonnes potions aux managers malades que nous sommes… Et, évidemment, tous ces invités « se haïssent… cordialement » précise la notice du jeu. On se croirait au bureau !
Après plus de quinze ans comme DSI, j’avais encore des illusions. Notamment envers les consultants en stratégie. Notre direction générale fait régulièrement appel aux plus grands cabinets, en particulier Mackinesairien (pour ceux qui veulent compléter leurs collections de slides) et le Baston Consulting Group (pour les projets difficiles). Et moi-même, j’ai déjà eu recours à leurs services. Il m’avait semblé, en observant la succession des missions pour définir la stratégie système d’information, que c’était toujours les mêmes consultants qui opéraient dans nos locaux alors que, en réalité, ce n’était pas les mêmes. Peut-être ma mémoire me jouait-elle des tours tant j’étais persuadé que l’habillement, les mimiques, les tics de langage et les comportements de nos chers consultants étaient similaires ?
me doutais bien qu’ils allaient me refaire le coup. J’ai déjà été échaudé une fois, comme certainement beaucoup d’entre vous. Rappelez-vous : pendant la bulle Internet, les directions métiers, séduites par les sirènes des web agencies, ont voulu s’affranchir des DSI pour traiter directement avec les fournisseurs. On sait ce qu’il en est advenu, de cette stratégie : les DSI ont récupéré le bébé et ont été contraintes de s’en dépêtrer avec les moyens du bord. Pour le meilleur, quelquefois, et, surtout, pour le pire, dans beaucoup de cas. Comme les bricoleurs du dimanche font appel le lundi à un plombier professionnel ou à un maçon qualifié, les DSI ont été appelés (voire convoqués) à la rescousse. Pour reprendre le titre d’un ouvrage qui vient de paraître sur huit siècles de folies financières : « Cette fois, c’est différent », nous disent tous les « observateurs ». Différent ? Cette fois, comme la dernière fois, je n’en suis pas si persuadé et je vais vous expliquer pourquoi (...).
On a beau faire, c’est tous les ans pareil. Quantité de personnes vous souhaitent une « bonne et heureuse année » alors que, vous le savez bien, vous aurez toujours autant d’ennuis, de problèmes plus ou moins sérieux à gérer, toujours autant d’utilisateurs hargneux, de directions métiers méfiantes et de personnalités hostiles parmi vos néanmoins « chers collègues ». Il y a au moins six bonnes/mauvaises (à vous de voir) raisons pour ne pas accorder foi à toutes les bonnes intentions qui s’exprimeront à travers ce fameux « bonne et heureuse année ».