Innovation numérique : pourquoi tout le monde s'en fout !
WiSIleaks
L’affaire Wikileaks fait actuellement grand bruit. Mettre sur la place publique des centaines de milliers de documents pour révéler les petits et grands secrets est plutôt intéressant. Mais il faut que cette initiative s’arrête aux portes des systèmes d’information !
Imaginez qu’un DSI soit confronté à la même situation, une sorte de WiSIleaks : un petit malin publie des documents qui n’auraient pas du sortir des murs de la DSI. Par exemple : tous les comptes-rendus de projet où l’on verrait les conflits entre différents protagonistes mis à jour et qui ont conduit aux dépassements de budgets et de délais dont on s’était toujours demandé comment ils avaient pu survenir alors que tous les indicateurs étaient au vert… Les contrats où l’on constaterait que le DSI a signé un peu vite des clauses complètement débiles imposées par les fournisseurs… Les notes de frais de certains où l’on observerait quelques dérives… Quelques business cases où le bidonnage apparaîtrait au grand jour pour qui sait lire entre les lignes… Sans parler des e-mails internes entre le DSI et ses équipes traitant les directions métiers « d’emmerdeurs de première », le directeur général de « petit chef hystérique » et les utilisateurs de « gros nazes qui ne méritent pas tous les services qu’on leur propose ». Qu’on se rassure, les systèmes d’information n’intéressant pas grand’monde, on ne risque pas de voir surgir un WiSIleaks… Ouf !
Ne cherchez pas, je ne suis pas dans le Who's Who, le célèbre dictionnaire biographique de « celles et ceux qui, en France, ont réussi professionnellement, quel que soit leur secteur d'activité ». Mais mon patron y figure et il en est très fier. Passons sur le fait qu'il a un peu enjolivé son parcours professionnel et scolaire. Pour la dernière édition, les heureux élus ont été interrogés par Opinion Way sur les critères de la réussite.
J'ai eu le plaisir (ou le malheur, ca dépend) d'assister à une présentation commerciale faite par un grand fournisseur du marché. En général, on comprend ce qui est dit, malgré les multiples sigles employés. Nous sommes en effet habitués et utilisons nous-mêmes (quand nous ne les créons pas directement pour impressionner nos utilisateurs...). A un moment, au milieu de la présentation, l'ingénieur avant-ventes, sans doute tout droit sorti d'une réunion de « piqûre de rappel pour inoculer les bons messages à ces pigeons de clients », nous sort la phrase suivante : « Il faut matcher pour bridger le gap des patterns. »
Chez IBM, ils sont très forts et très désintéressés. Ils ont dans leur département marketing, au siège social d’Armonk, des talents qu’ils doivent absolument conserver. Leurs experts en marketing ont ainsi eu une idée géniale en matière de communication : transformer un non-événement en évènement planétaire. IBM a ainsi diffusé, en juin dernier, un communiqué dans lequel il est écrit : « Les employés d’IBM ont consacré ces cinq dernières années plus de dix millions d’heures en bénévolat. » Là, on dit bravo ! C’est pas chez nous que l’on constaterait un tel désintéressement. Mais de quoi s’agit-il ? « Depuis le lancement de notre communauté On demand, 150 000 IBMers ont contribué pour plus de dix millions d’heures dans soixante-dix pays. »
Les DSI de ma génération connaissent très certainement les romans de San-Antonio, du nom du personnage créé par le regretté
Que je vous raconte : j'ai réussi une fois de plus à faire perdre la face à mon intégrateur préféré ! Certes, ce n'est pas la première fois qu'il est remis en place mais, cette fois, il va regarder à deux fois avant de nous augmenter ses prix de journée. Cet intégrateur, du nom de Wilson & Rossignol, un grand cabinet angle-saxon, dispose d'une armée de consultants junior dans l'Hexagone, selon le principe classique que les seniors ou les associés négocient les contrats autour d'une bonne table, les commerciaux poussent les wagonnets d'avenants et le tout est exécuté (quelquefois dans le sens premier du terme, façon guillotine technologique...) par des juniors qui viennent se faire la main sur nos applications pour mieux revendre leurs compétences ailleurs.
Selon les gens du marketing, qui fait partie du comité de direction ? Le PDG, le DRH, le DAF et le directeur commercial. Mais de DSI, point... C'est du moins ce qui ressort d'un publi-reportage (vous savez les pubs où on essaie de nous faire croire que les textes sont écrits pas des vrais journalistes) publiés dans le numéro de mai du mensuel Management. Le thème de ce « publi-communiqué » ? La gestion des flottes de véhicules de fonction. On comprend tout de suite qui y a droit et qui peut aller se rhabiller ! Devinette : saurez-vous retrouver à qui correspondent ces descriptions ? « Il se fonde surtout sur des critères liés à la santé de son entreprise et donne les grandes lignes directrices à suivre » ; « Il a un poste central dans l'entreprise. Tout part de lui » ; « Il est toujours à la recherche de réduction des coûts » ; « Sa mission est d'avoir toujours de meilleurs résultats ». Respectivement au PDG, au DRH, au DAF et au directeur commercial.