Innovation numérique : pourquoi tout le monde s'en fout !
Rien n'est jamais à qui
Tous les ans, nous faisons le ménage dans notre portefeuille applicatif, histoire d'éliminer ce qui n'est plus utilisé, ou si peu que les charges de maintenance au kilo de code sont très largement supérieures au prix du kilo de caviar extra-fin dégusté avec une cuillère en or dans un plateau en argent lesté de diamants sur les poignées. Et, comme chaque année, nous élaborons un tableau à deux colonnes : d'un côté, la liste de toutes les applications actives du système d'information, y compris les plus petites, et, de l'autre, la liste des propriétaires de chacune des applications. Depuis que nous refacturons les services de la DSI, tous les clients internes doivent être dûment répertoriés afin d'être ponctionnés (avec modération quand même) d'une partie de leur budget pour nourrir la DSI. En principe, aucune case ne doit rester vide (bon, d'accord, sauf pour les quelques collaborateurs qui en avaient déjà une, de case vide, avant d'être embauché...). Tous les ans, on retrouve des applications ou des développements qui n'appartiennent à personne. Mais cette année, c'est encore pire ! Notre système d'information est truffé de petites applications dont plus personne ne se souvient, ou fait semblant de ne pas se souvenir, pour qui elles ont été développées. C'est un peu de ma faute, j'ai probablement été négligent en n'obligeant pas tous mes développeurs à tracer l'ensemble les modifications et des demandes de changements. Mais tout de même !(...)
(Lire la suite dans le numéro 49 de la revue Best Practices Systèmes d'Information).
Quand nous recevons des factures de la part de nos chers fournisseurs, on peut adopter deux approches. La première : transmettre le document à la comptabilité pour paiement, sans regarder ce qu'il y a dedans, du moins tant que le montant reste globalement cohérent avec nos budgets. On reçoit tellement de paperasses et de factures en tous genres que c'est une approche de facilité qui convient bien aux DSI qui n'ont pas trop envie de s'incruster dans des limbes bureaucratiques. Deuxième approche : éplucher chaque ligne des factures pour traquer les inévitables erreurs que nos fournisseurs commettent, de façon volontaire ou non. Mais cela nécessite du temps, des ressources, et une connaissance très fine des dispositions contractuelles signées avec les fournisseurs. Jusqu'à présent, vous vous en doutez, j'ai toujours privilégié la première approche. On ne se refait pas, tant qu'on peut déléguer, sans que cela mette la DSI en péril. Avant de rencontrer l'ingénieur d'affaires de notre prestataire d'infogérance et de tierce maintenance applicative, j'ai quand même jeté un coup d'oeil sur ses dernières factures, que l'on doit régler chaque trimestre (...).
Qui a dit que SAP avait une hégémonie mondiale ? Il y avait un pays qui, jusque là ne connaissait pas les ERP. C'est un pays pauvre mais n'y voyons pas de relation de cause à effet. Le quotidien La Tribune du 24 mars 2010 nous apprend que l'éditeur allemand va déployer son progiciel en... Afghanistan. Hé oui ! Ils ont eu les champs de pavot, les intégristes, l'occupation américaine, l'invasion russe, la corruption, la guerre... Il ne leur manquait plus que les ERP ! Mais n'y voyons aucune relation de cause à effet.
La Une du magazine Challenges, paru le 25 février, devrait faire réfléchir tous les DSI. Comme raccourci, on ne peut guère faire mieux ! Voici donc que notre Président assène : « Si on ne garde pas d'usines, on n'aura pas d'emplois. » Ce qui signifie, si l'on lit un peu trop vite : « Il n'y a que dans les usines qu'il y a des emplois. » C'est oublier un peu vite tout le secteur tertiaire et, en particulier, tous les travailleurs des technologies de l'information, et, plus généralement, les « travailleurs du savoir » comme les appellent les sociologues.
Depuis le temps que l'on dit que les défauts de qualité des logiciels, si on les retrouvait dans les voitures, cela serait catastrophique ! Combien de fois ai-je entendu mes honorables collègues railler les éditeurs de logiciels, accusés d'être incapables d'appliquer à leurs produits les standards de qualité que l'on trouve dans l'automobile ! Ils avaient bien raison. La comparaison devient aujourd'hui plus hasardeuse, avec l'affaire Toyota. Et les constructeurs automobiles avaient bien besoin de ça ! Pourquoi ne nous ont-ils pas demandé conseil ? Nous leur aurions expliqué qu'intégrer des logiciels partout, ces fameux « embedded software » est très risqué. Que l'on est jamais certain que tout soit testé de manière exhaustive... Que la qualité du code laisse parfois à désirer... Il va falloir que nos chers constructeurs nous fabriquent des véhicules certifiés CMMi. Pour l'instant, ils ont plutôt adopté le standard CMM (Conduite Moyennement Maîtrisée) !
On me parle sans cesse de la méthode à Gilles. « C'est super pour mieux développer », « Ah ! Si on avait appliqué la méthode à Gilles, on en serait pas là », « La méthode à Gilles, c'est l'avenir ! », entend-on dire. Mes équipes m'interpellent avec ce Gilles, les conférences auxquelles j'assiste sont remplies de référence à la méthode à Gilles.
Ca y est ! Les systèmes d'information ont disparu, non pas dans le triangle des Bermudes, mais dans le triangle des ressources humaines. Tous les ans, notre DHR, Françoise Plansoc, me transmet, par courrier interne, le numéro de fin d'année du mensuel Liaisons Sociales. Chaque année, à la même époque, cette excellente publication nous livre les résultats de son « baromètre européen de la fonction RH ». Nous livrait serait plus exact... J'ai eu beau parcourir les neuf pages du dossier, on ne parle pas des systèmes d'information ressources humaines. Les années précédentes, il y avait au moins deux pages pour nous expliquer comment les DRH voient les systèmes d'information.