Innovation numérique : pourquoi tout le monde s'en fout !
Qui c'est qui a fait le con ?
Qu'apprends-je en lisant mon quotidien favori La Nouvelle République ? Qu'un grand constructeur, IBM pour le nommer, est condamné à payer à l'un de ses clients, l'assureur Maif, pour le nommer aussi, la somme rondelette de 11 millions d'euros. IBM aurait « sciemment » sous-estimé les délais et les coûts du projet pour décrocher le contrat. On connaît les techniques classiques des fournisseurs, qui serrent les prix pour se rattraper sur les avenants, une fois que le client est ferré. Mais là, ils ont poussé un peu fort la machine à avenants : la facture initiale est passée de 7,3 millions à 18 millions.
Qui c'est qui a fait le con ? A mon avis, les deux parties. Le constructeur d'abord, où personne n'a stoppé la machine infernale qui va lui coûter quelques points dans son image de marque et une bonne dose de ridicule quand ils iront expliquer qu'ils appliquent les « best practices » de gestion de projet (cliquer ici pour les rires enregistrés). Mais que les concurrents ne se réjouissent pas trop vite, ca peut leur arriver aussi. On ne citera pas de noms, mais ils sont bien connus les intégrateurs et les SSII qui oublient des zéros dans leurs réponses à appel d'offres pour les retrouver miraculeusement quelques mois plus tard (leur patron a dû aller à Lourdes prier pour la réussite du projet...). Le DSI aussi a joué avec le feu : ne pas voir qu'un projet dérape dans de telles proportions relève d'une certaine légèreté. Mais si le DSI est très compétent, admettons cette hypothèse, je voudrais bien connaître les stratagèmes utilisés par IBM et les équipes internes de la DSI pour masquer l'ampleur des dégâts. Ils avaient peut-être embauché un lointain cousin de Madoff... Au fait, à la MAIF, ils vont pouvoir déclarer leur sinistre en ligne : leur site web fonctionne, il n'a pas été développé par IBM, surnommé chez nous, depuis cette affaire, « Importateur de Bugs Masqués ».
La Une du magazine Challenges, paru le 25 février, devrait faire réfléchir tous les DSI. Comme raccourci, on ne peut guère faire mieux ! Voici donc que notre Président assène : « Si on ne garde pas d'usines, on n'aura pas d'emplois. » Ce qui signifie, si l'on lit un peu trop vite : « Il n'y a que dans les usines qu'il y a des emplois. » C'est oublier un peu vite tout le secteur tertiaire et, en particulier, tous les travailleurs des technologies de l'information, et, plus généralement, les « travailleurs du savoir » comme les appellent les sociologues.
Depuis le temps que l'on dit que les défauts de qualité des logiciels, si on les retrouvait dans les voitures, cela serait catastrophique ! Combien de fois ai-je entendu mes honorables collègues railler les éditeurs de logiciels, accusés d'être incapables d'appliquer à leurs produits les standards de qualité que l'on trouve dans l'automobile ! Ils avaient bien raison. La comparaison devient aujourd'hui plus hasardeuse, avec l'affaire Toyota. Et les constructeurs automobiles avaient bien besoin de ça ! Pourquoi ne nous ont-ils pas demandé conseil ? Nous leur aurions expliqué qu'intégrer des logiciels partout, ces fameux « embedded software » est très risqué. Que l'on est jamais certain que tout soit testé de manière exhaustive... Que la qualité du code laisse parfois à désirer... Il va falloir que nos chers constructeurs nous fabriquent des véhicules certifiés CMMi. Pour l'instant, ils ont plutôt adopté le standard CMM (Conduite Moyennement Maîtrisée) !
Le Cigref et Capgémini Consulting ont publié fin 2009 une étude avec un titre qui produirait le plus bel effet si je l'utilisais pour le prochain comité de direction : « L'information : prochain défi pour les entreprises, pratiques de création de valeur par les SI et leur usage, cartographie 2009 ». J'ai donc profité de mes quelques jours de vacances pour dévorer les 52 pages de ce rapport tout à fait intéressant. Je me suis particulièrement focalisé sur ce qui caractérise la maturité des DSI et à la typologie proposée. Suis-je mature ? A voir la liste de toutes les qualités nécessaires, j'en doute : il faut à la fois être le support du pilotage, de l'innovation, des processus métiers et de la production. En fait, je pilote comme je peux, j'innove quand j'ai le temps, je supporte les processus métiers au vrai sens du terme mais je produis ! Ca, pour produire, on produit. D'ailleurs, la plupart de mes collaborateurs ont adopté l'expression « retourner à l'usine » quand ils sortent de la cantine ! (...)
Virguleur de points de fonction - La méthode des points de fonctions permet d'évaluer les systèmes d'information en termes de richesse fonctionnelle livrée à l'utilisateur. Et tous les écrivains le savent : la ponctuation est fondamentale pour faire ressortir le sens d'un texte. Le rôle du virguleur de points de fonction consiste précisément à ponctuer les projets pour donner une cohérence d'ensemble. Ni trop peu, ni trop de fonctionnalités, telle est sa mission : séparer ce qui est important de ce qui l'est moins, introduire une respiration dans le déroulement des projets, distinguer les fonctionnalités comme on distingue les idées avec des virgules. Et, bien évidemment, savoir mettre un point final à un projet.
« 2010 sera différent de 2009. » On dirait une parole creuse de voyant (pléonasme). Justement, pourquoi n'y-a-t-il pas de voyants et d'horoscopes dans nos métiers ? Cela nous serait bien utile. Je vous propose, en exclusivité, l'horoscope du DSI pour débuter cette année 2010. Avec une précision : les textes suivants sont issus de vrais horoscopes. Je n'ai rien modifié, pas un mot, pas une virgule, et je parie avec vous que, comme moi, vous identifierez des situations vécues. J'ai quand même ajouté quelques commentaires, je ne peux m'en empêcher ! Et vous aurez économisé le prix d'une consultation surtaxée auprès d'un escroc, pardon, d'un médium-tireur de cartes (perforées).