Innovation numérique : pourquoi tout le monde s'en fout !
Curriculum vite !
Il parait que la fin de l’année s’annonce chaude pour les DSI. Plusieurs de mes estimés (sauf par leur DG…) confrères se sont retrouvés sur le carreau. Alors que, de l’avis de tous (sauf de leur DG…), ils sont loin d’avoir démérité. Je me suis donc « mis en veille professionnelle » comme on dit. Les annonces de recrutement de DSI ne courent pas les rues, ce sont plutôt les DSI qui courent après les annonces d’emploi.
Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais, avec l’expérience, on arrive à lire entre les lignes. Je suis tombé sur l’une de celles-ci pour le recrutement d’un DSI et dont je vous livre le contexte : « Bonne expérience dans la gestion et l’exploitation d’environnements informatiques et le pilotage opérationnel d’une équipe. Autonome, responsable, vous faites preuve de rigueur, d’organisation, et savez être réactif et orienté solution. Votre forte analyse et votre esprit de synthèse, vous permettent d’identifier rapidement les dysfonctionnements ou les erreurs préjudiciables à votre activité. Résistant au stress, vous avez rapidement une vision globale, avec du recul, dans un souci d’efficacité. Vous avez un très bon relationnel, et savez-vous positionner de manière pertinente et adaptée. »
Bon, là, avouez que ce n’est pas gagné pour la nouvelle recrue qui va mettre dans cette entreprise, dont l’annonce se garde bien de dire de qui il s’agit. Tout juste sait-on que c’est dans le sud de la France. « Autonome et responsable » : en clair, on va vous laisser vous débrouiller et vous ne pourrez compter sur personne. « Vous faites preuve de rigueur et d’organisation » : en clair, ça devait être le souk avec le prédécesseur. La preuve ? « Votre forte analyse et votre esprit de synthèse, vous permettent d’identifier rapidement les dysfonctionnements ou les erreurs préjudiciables à votre activité. » Là, c’est sûr, plus aucun doute, il y a des cadavres dans les placards. Et, cela va de soi, tout ce qui est préjudiciable à votre activité sera retenu contre vous pour vous virer avant la fin de la période d’essai. La preuve encore ? Il faut être résistant au stress. Et quand un recruteur écrit ça dans une annonce, ça veut dire qu’il faut être blindé et prêt à affronter tous les cataclysmes IT du monde. Sans oublier les aspects politiques, traduits par « se positionner de manière pertinente et adaptée. » « Pertinente » lorsqu’il s’agit d’avaler des couleuvres face à la DG sans faire de vagues (même si les couleuvres savent nager…). « Adaptée » lorsqu’il est temps de quitter le navire.
Au quotidien, il va falloir faire preuve de ténacité. Parmi les missions demandées : « Tenir informé les utilisateurs sur les procédures à respecter pour contribuer à la fourniture d’un
service de qualité. » Ils ne respectent donc aucun processus… ? « Analyser et contrôler la qualité effective de service rendu au client en pilotant des points de fonctionnement périodiques avec chaque client interne sur l’avancement du traitement de ses demandes, la résolution des problèmes et le niveau de satisfaction des prestations fournies. » En plus, il y a du laisser-aller dans la qualité de service, il ne manquait plus que ça… « Garantir une assistance technique réactive et efficace aux utilisateurs pour la mise en œuvre et l’utilisation des environnements informatiques de Build » : là non plus, ça ne doit pas fonctionner de façon « réactive et efficace ». Surtout qu’il faut « veiller au respect des objectifs de délai et de qualité négociés pour les prestations de gestion des environnements. » Plus aucun doute : les dérapages sont quotidiens.
Admettons. Tout ça, je peux le faire. Même pas peur ! Quand on a connu des collègues obtus, des utilisateurs de mauvaise foi, des fournisseurs rapaces, des collaborateurs aussi réactifs qu’une limace, on peut tout faire. Même à Marseille. Mais, en plus, le recruteur demande une connaissance fine des environnements techniques : de Solaris 8 à Linux, en passant par HP-UX, VMware et autres quincailleries, sans grand intérêt pour un DSI, de chez Oracle, EMC, HP et Cisco.
Les nombreuses et inattendues chausse-trappes du management des SI, les dérives de la gouvernance, les pièges des schémas directeurs, les psychodrames des relations avec les métiers, l’incompétence de la DG, les négociations musclées avec les fournisseurs…. Tout ça, je veux bien, j’ai l’habitude. Mais replonger dans la technique, non merci ! Après toute l’énergie que l’on a consacrée à en sortir ! Je ne dois pas être le seul à réagir de la sorte, l’annonce de recrutement est en ligne depuis plus de trois mois !
C’est une épidémie… J’ai encore trouvé une invitation à rejoindre un club de DSI ! Ça commence à faire beaucoup. Certains diront que l’on est gâtés : on peut ainsi participer au club 01 DSI, au club Décision DSI, à CIOnet, au Club CIO, au club des DSI d’IDC, au Club CIO-CXO du Magit, au club Silicon DSI, à l’Agora des DSI… Et si j’étais africain, je pourrais en plus participer aux clubs d’AfroCIO. Sans parler de tous les événements auxquels nous sommes conviés, de feu l’IT Business Forum à Top DSI (tous les deux à Deauville, c’est dire si la profondeur des contenus est mise en avant…), en passant par les Entretiens d’Opio (au moins c’est au Club Med, l’organisateur sait recevoir…), et tous les pince-fesses (enfin, façon de parler parce que ça manque de DSI femmes…). Comme disait le regretté Coluche : « Jusqu’où s’arrêteront-ils ? ».
Comme les vacances d’hiver approchent, j’ai prévu de me reposer en emmenant de la lecture à la campagne, un endroit perdu au milieu de nulle part, dans le centre de la France. L’avantage ? C’est l’un des seuls lieux où le téléphone portable ne passe pas et où Internet n’est pas encore installé, dans les vieilles fermes auvergnates. Il me reste à choisir les ouvrages qui vont me tenir compagnie durant les trois semaines pendant lesquelles je vais m’extraire du monde des systèmes d’information. J’ai donc commencé à parcourir ma bibliothèque mais j’avoue que j’ai été particulièrement déçu. Moi qui voulais m’extraire de mon quotidien, je m’aperçois que, quelle que soit l’œuvre que je vais choisir, cela va me rappeler inévitablement le bureau.
Vous connaissez Quintus Cicéron ? Rassurez-vous, il n’était pas DSI à l’époque des Romains, ce métier n’existait pas encore, même si les ingrédients qui agrémentent la vie quotidienne des DSI d’aujourd’hui étaient déjà présents dans l’Empire romain en l’an 64 avant JC (soit l’an 2036 avant l’avènement de SAP), à savoir : la trahison, la guerre entre clans, la sourde vengeance, les batailles d’égo et autres joyeusetés caractéristiques de ces époques lointaines… Pourquoi je vous parle de Quintus Cicéron ? Parce qu’il a expliqué comment gagner une élection dans un petit ouvrage « Manuel de campagne électorale », Editions Arléa, dont je vous recommande fortement la lecture. Nous sommes donc en 64 avant JC et ledit Cicéron, candidat au poste de consul, a en face de lui six rivaux, tous aussi déterminés que lui à siéger dans la noble assemblée. C’est pourtant lui qui a gagné, à une très large majorité… Et les techniques qu’il a utilisées n’ont pas vieilli puisque, je vous l’affirme, tout DSI peut se les approprier, non pas pour gagner des élections, mais pour valoriser la fonction SI dans son organisation. Que faut-il faire ? Voici les dix trucs qui marchent à (presque) tous les coups.
La semaine dernière, j’ai reçu un e-mail « urgent » de notre directeur général qui annonçait une réunion extraordinaire du comité de direction. Bigre ! Va-t-il enfin nous annoncer sa démission « pour raisons personnelles » afin de profiter d’une retraite bien méritée au soleil d’un quelconque paradis fiscal ? Notre DAF aurait-il enfin compris qu’à force de manier des chiffres toute la journée cela finit par rendre dingo et annoncera-t-il son entrée imminente dans un établissement de long séjour avec sevrage de tableur Excel ? Notre directeur marketing aurait-il eu une révélation sur la vacuité de sa fonction et la fatuité du personnage qui l’occupe ? Notre DRH a-t-elle été victime d’un coup de blues après avoir essayé de lire dix fois « La gestion des talents pour les vraies nullardes » (Editions Dunoeu) sans comprendre plus de deux mots sur cinq dans la table des matières ? A moins que notre directeur général ne nous annonce que je suis viré sur le champ pour mauvais esprit et « critique non-constructive de décisions consensuelles », une formule qui serait du meilleur effet dans une lettre de licenciement.
Il paraît qu'il y a des changements au comité exécutif d'Atos... J'ai lu sur le Web que Thierry Breton, le DG de la SSII a déclaré, commentant les trois nominations : "
Notre bien-aimé directeur général, Pierre-Henri Sapert-Bocoup n’aura jamais si bien porté son patronyme. Non pas qu’il ait encore creusé les pertes lors du dernier exercice fiscal, ça, il le fait tous les ans. Mais parce qu’il a perdu une bonne vingtaine de kilos superflus, grâce à la méthode Ducon®©, du nom d’un célèbre gourou qui s’est reconverti dans le business des régimes amaigrissants. A l’issue du dernier comité de direction, il (mon DG, pas le gourou) m’a expliqué les effets spectaculaires de cette méthode miracle, digne des meilleurs effets spéciaux jamais produits, même dans la grotte de Lourdes.
Tous les médias en mettent une couche très régulièrement sur le cloud computing. C’est paraît-il, une tendance lourde. Effectivement, à voir (à défaut de les lire) tous les articles publiés sur ce sujet, ça commence à être lourd, voir lourdingue, comme dirait Joseph Inebecker, notre délégué de la FUC (Fédération unitaire con-fédérale) à propos des discours du notre DG lors des comités d’entreprises.