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Chroniques d'avant Best Practices - Page 3

  • Des courants SI politiques

    Le monde politique constitue une source inépuisable de bonnes et de mauvaises pratiques. Oublions les bonnes pour nous concentrer sur les mauvaises. Qu’entend-on par là ? Que des comportements individuels nuisent à l’intérêt collectif.

    Ainsi en est-il des multiples courants qui fleurissent dès lors qu’un parti politique atteint une certaine taille. On peut même en tirer un postulat simple : tout parti politique ou syndicat plongé dans un mouvement de croissance subit une poussée des courants directement exponentielle. Quel rapport avec les systèmes d’information, direz-vous ? Il est simple : nous aussi, nous avons nos courants et dépensons une énergie considérable à gérer, là, les égos, ailleurs, les coups de gueule, et, en permanence, les coups tordus que ne manque pas de concocter un courant contre un autre.
    Dans notre groupe industriel, j’ai identifié quatre courants. Le premier, celui des refondateurs, dont je fais partie, je l’avoue, milite pour un changement radical des pratiques de gouvernance de l’organisation. En clair : si on ne fait rien, nous allons dans le mur et le système d’information va nous péter à la figure, entraînant, non seulement le DSI, votre serviteur, dans sa chute, mais aussi une partie de la direction générale, même si elle n’en est guère consciente, occupée à cajoler les actionnaires. Le second courant est celui des conservateurs. Là, on a affaire à une poignée de chefs de projets qui ne perçoivent pas l’intérêt d’une quelconque refondation. Pour eux, la ligne du parti fait office de cahier des charges. Largement de quoi freiner l’innovation dans notre organisation, notamment de la part de nos équipes de jeunes informaticiens qui ne sont pas venus là pour faire de la figuration !

    Troisième groupe, qui comprend ceux que l’on peut qualifier de libéraux : un courant mené par le directeur financier, allié, pour une fois, au patron du marketing ; eux ne voient pas pourquoi ils ne feraient pas systématiquement appel à des prestataires externes pour gérer l’ensemble du système d’information. Leurs mots d’ordre sont : “externalisation” et “baisse des prix”. Et si on peut trouver mieux en Inde ou en Chine, pas de problème !

    Enfin, le quatrième groupe est constitué par les progressistes. Ils ont adopté l’adage selon lequel : “Qui va doucement ménage son système d’information, et inversement”. Notre direction générale s’y rattache, estimant que beaucoup de projets ne sont pas prioritaires, même ceux qui le sont réellement. Qui va gagner ? Comme pour les partis politiques, on n’en sait rien, mais ce qui est certain, c’est que l’électeur et, dans notre contexte, l’utilisateur (qui n’a pas le droit de vote), est toujours perdant. En effet, nos quatre courants, qui se côtoient au quotidien, ne sont pas encore parvenus à dégager une synthèse ! Toute ressemblance avec des situations existantes serait bien évidemment fortuite. Purement fortuite…

  • De l’amphore au sablier

    “Et vous, c’est quoi l’avenir de votre métier ?” La question, qui m’a été posée par un ami de mon fils lors d’une discussion informelle sur les problèmes d’emploi de notre belle jeunesse, a suscité une prise de conscience de ma part.

    C’est vrai, quel est donc l’avenir de notre métier ? Comme dans beaucoup de secteurs, notamment celui des biens de consommation ou les services, le modèle est en train d’évoluer. On passe ainsi d’un schéma en forme d’amphore à un schéma ressemblant à un sablier. Il n’y a pas encore si longtemps, la DSI ressemblait à une amphore : une partie centrale proéminente, celle qui fournit l’essentiel des services au plus grand nombre avec, à chaque bout, peu de services à forte valeur et, en bas, relativement peu de services standard, packagés et peu coûteux.
    Certains le regretteront, mais ce modèle est en train d’exploser, pas seulement dans l’informatique. Aujourd’hui, avec l’image du sablier, ce sont les deux parties extrêmes qui sont plus importantes. En haut, la valeur, en bas, les services de masse. Pour les DSI, cela signifie deux choses : d’une part, savoir identifier où se crée la valeur et faire en sorte qu’une reconfiguration de l’organisation SI permette une telle création ; d’autre part, pouvoir se positionner sur le marché de masse, celui où des utilisateurs nombreux et exigeants attachent une importance particulière à la qualité de service, pas nécessairement à la complexité.

    Pour les DSI, c’est un vrai changement de culture. Pour répondre à la question de l’impertinent ami de mon fils, on peut affirmer : “Notre métier a de l’avenir, c’est déjà ça !

  • Et si je changeais de boîte ?

    Un coup d’œil sur la baromètre de l’APEC m’apprend qu’en douze mois, il y a eu environ 800 postes de directeurs informatiques proposés, ce qui représente une croissance de 11%. Ce n’est certes pas beaucoup si l’on compare avec la demande de spécialistes du textile ou du bois (+109%) ou de la mécanique (+89%).

    Mais c’est réconfortant lorsque l’on regarde la demande de directeurs financiers, qui, elle, s’est écroulée de 51%. En consultant la presse professionnelle, j’ai trouvé un poste qui m’irait comme un gant et me permettrait de souffler un peu : « chef du service informatique et réseaux » dans un centre hospitalier. Moi qui exerce dans l’industrie, cela me changerait.

    Un CHU avec 5700 utilisateurs, 2000 postes de travail, rien que de la « taille humaine » ! Mais le texte de l’annonce ma refroidi. « Vous managez une équipe pluridisciplinaire d’une cinquantaine de personnes» : bonjour les différences culturelles ! Cela risque de discuter ferme dans les comités de pilotage… « … Engagée dans des grands projets structurants » : Là, c’est clair, je serai sur un siège éjectable en cas de dérapage, surtout si « l’équipe pluridisciplinaire » ne se prive pas de savonner la planche au tout nouveau « chef du service informatique et réseaux ». « De formation supérieure informatique » (j’ai ce qu’il faut…), « vous définissez les prestations dans le cadre des marchés publics ». Aïe, les appels d’offres publics ! Pas question de s’arranger, comme d’habitude, avec les fournisseurs. La paperasse en plus ! « Esprit de rigueur et de méthode, sens des responsabilités, de l’écoute et du travail en équipe sont nécessaires » : c’est clair, il va falloir travailler plus de douze heures par jour et supporter toutes les doléances d’informaticiens dont l’égo, les états d’âme, quand ce n’est pas l’incompétence de certains, s’expriment en permanence (c’est cela, le « sens de l’écoute »). Et il va falloir en plus supporter les manœuvres politiciennes : ce que l’annonce traduit par : « vous avez conscience des enjeux du service public ». Ah ! J’oubliais : la rémunération s’élève à 46 810 euros. Je n’irais à l’hôpital que lorsque je serai vraiment malade…

  • Bulle 2.0, deuxième

    On la refait... L’expression consacrée dans le milieu du cinéma a déteint sur celui des technologies de l’information. Car on nous refait un remake de «J’te crève la bulle» !

    On le voit par exemple avec le titre d’un article du quotidien Les Echos (du 31 octobre 2006) : « La survalorisation des start-up du Web 2.0 commence à inquiéter ». Ce qui nous semble évident à nous DSI, l’est moins pour les autres.
    On nous a fait le coup, au début des années 2000, souvenez-vous, lorsque nos chers directeurs marketing nous ont expliqué qu’avec des web agency, ils pouvaient se passer de nos services, de nos conseils et, surtout de nos méthodologies de gestion de projets. On a vu ce que ça a donné…

    Ou que nos directions générales nous ont affirmé qu’il n’y avait pas d’issue en dehors du e-business. On a vu ce que ça a donné…
    Ou lorsque que nos informaticiens qui, croyaient-ils, étaient bourrés de talent, se sont lancés dans l’aventure des jeunes pousses. On a vu qu’elles n’ont pas passé l’hiver 2002…

    Bien sûr, on nous explique qu’aujourd’hui, ce n’est pas pareil, qu’avec Web 2.0, c’est la vraie révolution, qu’il faut jeter nos vieilles applications pour que tout le monde travaille sur le web, que les pratiques d’hier sont révolues et qu’une multitude de petites sociétés sont là pour nous changer la vie. Peut-être. Peut-être pas. Attendons donc que Bulle 2.0 soit passé.

  • Salut les artistes

    À la recherche d’un appartement depuis quelques semaines, je suis frappé par le parallèle que l’on peut faire avec les systèmes d’information. Un projet systèmes d’information n’est-il pas proche d’un chantier de construction d’un immeuble ? Ça coûte cher, c’est long, le client final, qui ne manque jamais de modifier les plans en cours de route, se fait souvent avoir, et les délais ne sont jamais respectés. Sans parler des finitions qui laissent à désirer et des commerciaux qui vantent les belles fonctionnalités de leurs produits.

    Ça ne vous rappelle rien ? Il y a toutefois une différence majeure. Nous avons tous vu ces illustrations, sur les brochures marketing des promoteurs, qui montrent à quoi va ressembler le chantier une fois qu’il sera terminé : des mères de famille promenant leur progéniture, quelques véhicules bien garés, un ciel bleu, des trottoirs propres, de la verdure à foison… Si vous observez bien ce qui est écrit en tout petits caractères dans le coin de l’image, vous comprendrez ce qui nous différencie, nous les DSI, des promoteurs immobiliers : “Libre interprétation de l’artiste”.

    En clair, ce que l’on présente n’est pas la réalité. Sage précaution, on ne sait jamais. Surtout que, souvent, on découvre un environnement très différent. Eux ont le droit de mentir : leurs images sont des libres interprétations d’artiste qu’il ne faut pas contrarier. Tant pis pour ceux qui croient qu’ils retrouveront la copie conforme une fois le chantier terminé.

    Hélas, nous ne pouvons procéder de même. Imagine-t-on apposer sur nos documents la mention “Libre interprétation de vos besoins par un informaticien artiste” ? Agrémenter nos études techniques de la même mention ? Considérer nos évaluations budgétaires comme du travail d’artiste ? Difficile, à moins de se reconvertir en intermittent du spectacle.

  • Speedy développeur

    Avant les vacances, j’ai voulu, comme probablement des millions de Français, consulter l’excellent site Web Géoportail, proposé par l’IGN (Institut géographique national). Histoire de voir si la maison louée pour les vacances est si bien placée, à quelques dizaines de mètres de la plage…

    Hélas, comme probablement des millions de Français, je me suis heurté à un message d’erreur. Site inaccessible. Que s’est-il donc passé ? On nous explique dans la presse que le service n’a pu être délivré pour trois raisons. D’abord parce que des moyens minimalistes ont été affectés à ce projet. En gros, une vingtaine de personnes et un budget de 6 à 7 millions d’euros. Avec des prévision tout aussi minimalistes : 500 000 visiteurs maxi…

    Deuxième raison : un lancement précipité. Paraît-il que dès qu’un président (de la République en l’occurrence) s’intéresse à un projet pour l’inaugurer en grandes pompes, il faut que ledit projet soit opérationnel. Au moins en apparence… Comme si cela ne suffisait pas, des complications organisationnello-politico-bureaucratiques sont apparues. En effet, c’était un projet interministériel, mais encore fallait-il que tout le monde s’entende sur ce qu’il convenait de faire et dans quels délais…

    On imagine la tête de notre collègue DSI qui a probablement perçu les dérives et les risques et qui a alerté sa direction générale : “Veux pas l’savoir, faut qu’ça marche quand Chirac cliquera sur son mulot”, a-t-elle dû rétorquer. Toute ressemblance avec un projet d’entreprise dont le budget aura été retoqué par la direction financière mais qui tient tellement à cœur du PDG qu’il aura fallu bricoler en urgence pour qu’il fonctionne au moins quelques heures avant de planter est bien évidemment fortuite…

  • De bon conseil

    Des DSI qui deviennent consultants, cela commence à faire très tendance. On a vu une première phase, il n’y a pas si longtemps, où des DSI sont passés du côté des fournisseurs, en l’occurrence des SSII. La nouvelle mode, à croire que les sociétés de services, ça fait plutôt bas de gamme, c’est d’intégrer les cabinets de conseil.

    En quelques semaines, deux de mes éminents confrères, et pas des moindres (Jean-Pierre Corniou, qu’on ne présente plus et Thierry Bonne qui a créé et dirigé les systèmes d’information de notre Marine Nationale, sont tombés dans le chaudron du conseil, le premier chez EDS, le second chez Bearingpoint.

    Pourquoi pas ?
    J’avoue que moi aussi, je pourrais me laisser tenter. D’abord pour la carte de visite en quadri : entre « senior associate », « vice-président en charge de quelque chose », bref « big boss » et le titre de « directeur des systèmes d’information », devinez lequel est le plus valorisant ? Je ne parle pas de la drague, car ni l’un ni l’autre n’incite le beau sexe à la gaudriole (Ah ! passer une soirée avec un consultant, fut-il senior quelque chose ou un DSI, c’est quasiment pareil : au bout de dix minutes l’un comme l’autre ne peuvent s’empêcher de parler de leur dur métier, bonjour l’ambiance !….).

    Mais dans un CV, ça en jette ! Et pas qu’un peu. Car, hélas, le premier réflexe d’un interlocuteur face à quelqu’un qui explique que son métier est DSI est de marquer un temps d’hésitation avant de compatir : « ben, dites-donc, vous devez en avoir des emmerdes dans votre job ». Bien vu… Alors que face à un consultant, le premier réflexe sera d’admirer la bête : quelqu’un qui conseille des directions générales, des directions métiers et autres managers à haut potentiel ne peut qu’être un surdoué. Sinon, il ne serait pas consultant. Bien sûr, nous autres DSI, connaissons la vérité : combien de consultants avons-nous recrutés pour nous conseiller, comme il se doit, avant de nous apercevoir qu’ils en savaient beaucoup moins que nous et qu’il fallait tout leur expliquer ! Et pour les téméraires, les sortir des réunions où officiellement ils « se familiarise avec les process métiers de l’entreprise » alors qu’en réalité ils pompent des idées avant de se les ré attribuer en slides trois dimensions !

    Le second avantage à passer dans le monde du conseil, c’est bien sûr la rémunération. C’est un moyen, pour nous, de faire un saut quantitatif que nos patrons ne veulent pas nous accorder. J’y vois un troisième avantage : si l’on passe du côté des conseilleurs, il est bien difficile de venir contester nos conseils, précieux par définition, au prix où ils ont été payés par les entreprises. Ca c’est une sacrée revanche quand on songe aux heures qu’il nous faut consacrer à convaincre un directeur financier ou un DRH qu’on ne gouverne pas un système d’information à coups de lignes en moins sur un tableur.

    Bon, allez, je vous laisse, j’ai mon CV à actualiser…

  • Attachement hiérarchique

    On apprend, au détour d’une étude de Forrester, que les DSI français se distinguent en matière de dépendance hiérarchique. 30% d’entre nous rapportent directement au PDG de l’entreprise, alors que cette proportion atteint les 40-50% dans les autres grands pays européens, ainsi qu’aux Etats-Unis (40%). Les allemands étant les recordmen en la matière (53% des DSI dépendent du big boss).

    Chez nous, ce sont plutôt les directeurs financiers (32%) qui ont la haute main sur les systèmes d’information. Cela semble être une question récurrente de toutes les enquêtes sur les DSI. A croire que notre personnalité serait complètement différente selon notre rattachement hiérarchique ! N’est-ce pas pousser un peu trop loin que de supposer que nous serions des sortes de Docteur Jekyll et Mister Hyde des systèmes d’information ? Et que dire des DSI qui changent de rattachement : le soir vous êtes créatif, force de proposition et plutôt fier d’être DSI, le lendemain matin, vous n’auriez plus aucune idée, vous effectueriez un revirement stratégique rien que pour la beauté du geste ?

    Je le reconnais, cela peut arriver, si vous passez d’un PDG intelligent et visionnaire à un DAF obtus et grippe-sous, ou l’inverse. Je reconnais également que parmi mes confrères, il y en a beaucoup qui plaident pour un rattachement au plus haut niveau, rien que pour pouvoir s’en vanter dans les dîners en ville. Mais, en réalité, qu’importe le rattachement pourvu qu’on ait les moyens de notre politique. Comme on dit souvent : vaux mieux être accompagné par un DAF ou un directeur des achats qui ont la fibre systèmes d’information que par un PDG indifférent. Moi j’ai la chance de l’être par un PDG qui n’est pas complètement indifférent aux technologies de l’information. Parce que je lui montre comment s’en servir pour créer (au moins un peu) de valeur : c’est ma meilleure carte de visite.